Créer sa musique: les 13+1 choses à vérifier avant de pouvoir te lancer (l’esprit serein)
“Créer” fait peur.
Parfois tu vis une aventure formidable…
…d’autres fois, tu finis en totale déconfiture.
Et créer sa musique, au départ, c’est bien souvent finir meurtris dans ton estime.
À rallumer un beau jour ton ordi MAO la main tremblante…. avec l’état d’esprit d’un parieur ruiné qui “cette fois-ci va se refaire”, misant TOUT sur sa chance.
En gros, tu dérives en slip sur ton radeau en proie aux caprices aléatoires de l’océan.
Et je sais comme c’est épuisant pour les nerfs… car j’en ai fait les frais dans le passé.
Cet aspect psychologique de la création est selon moi trop souvent ignoré sur la toile. On parle du dernier plugin ou matos qui scintille à la mode, mais on oublie souvent que derrière l’artiste se trouve l’humain… et qu’à l’intérieur de l’humain fourmille tout un flot d’émotions.
Ce n’est pas à négliger.
Car tu te planteras toujours avec des sessions qui n’aboutissent à rien…
La bonne nouvelle? C’est qu’avec un minimum de précautions tu pourras mieux éviter ces écueils et renforcer ton état d’esprit. Pour cela, tu as besoin de 2 choses essentielles:
Au même titre qu’un sportif de haut niveau ou un aventurier de l’extrême, tu dois prévoir dans tes bagages les outils pour y survivre, et dans ton cerveau les connaissances pour te donner confiance.
- Slip & radeau + peur = échec assuré
- Equipement préparé + mental d’acier = tu gardes le cap vers ton succès
Rassure-toi, tu n’es pas le seul
Vous êtes beaucoup à m’écrire et pour certain(e)s, je sens une peur viscérale de se lancer à créer… que ce soit la 1ère fois ou suite à un trauma d’échecs à répétition.
Souvent vous avez tout le matos qu’il faut (et souvent même bien plus encore), mais vous restez tiraillés de mille doutes, figés à l’arrêt comme un lapin devant les phares d’une voiture. Rejetant alors souvent la faute sur les aspects techniques.
Et puis, les quelques conseils que j’ai le plaisir de vous partager portent parfois leurs fruits. Vous arrivez alors à débloquer la situation et à mieux vous jeter à l’eau, libérés de pensées qui vous torturaient les méninges.
C’est pourquoi je voulais mettre l’accent ici sur ces quelques astuces qui te permettront de mieux te préparer techniquement et mentalement.
Des détails qui ont l’air de rien comme ça, mais qui additionnés vont ensemble transformer ton mental en bloc de titane pur. Pour te lancer enfin avec l’esprit zen d’un samourai prêt à tout donner.
Voici donc la liste:
13+1 choses à vérifier avant même de composer ta 1ère note de musique
1) Prépare bien tes 2 ressources essentielles
Au départ, divise ton budget en 2: 50% setup, 50% enseignement. Tu as besoin des 2 pour te lancer sereinement:
1- les bons d’outils
2- les bonnes connaissances
Si ton budget est serré, tu peux trouver de l’info gratuite sur le net, mais je tiens à te prévenir: le chemin sera plus long et parsemé de doutes.
(A titre perso, j’ai erré à la cowboy comme ça pendant 12 ans… aujourd’hui quand j’ai besoin d’approfondir un sujet important, je ne me pose plus la question: je me forme.)
2) L’influence extérieure et son timing
Des semaines avant ta session, écoute et découvre un max d’artistes différents pour laisser tranquillement infuser ton inconscient d’idées fraiches et excitantes.
Par contre, juste avant de créer, n’écoute surtout pas d’autres artistes: les idées trop récentes dans ton esprit pourraient vite te faire trébucher dans le plagiat.
3) Organise des sessions découvertes avant
Zéro pression. Pas de création à faire: juste à errer sur ton logiciel pour découvrir les presets d’instrus virtuel que tu aimes bien et tester différents effets en les poussant à l’extrème. Juste “pour voir ce que ça fait”.
Comme quand tu t’égosilles à imiter tes chanteurs préférés sous la douche. Tu évolues ainsi dans un cadre libre où tu peux tenter des trucs. (On est d’accord que sur scène ce sera différent: ce ne sera plus le moment de chanter à poil en te frottant les aisselles, en totale décontraction)
Là c’est pareil, c’est la session où tu te lâches. Et cela te permettra de mieux maitriser les possibilités que t’offrent tes outils. Loin d’être une perte de temps, c’est même un passage obligé selon moi.
4) Pense minimum et sur-mesure
Établis-toi une config minimale et de confiance. Mais attention: adapte ton environnement à tes besoins et non en suivant des modèles tout faits.
Quelqu’un qui chante et joue de la guitare aura un besoin autre qu’un pianiste de jazz ou un beatmaker. (pour cela, tu peux t’aider de ce guide pdf gratuit à télécharger ici)
5) Houston, lancement!
Là aussi, cela joue pas mal au niveau mental. Imagine: tu appuies juste sur un bouton et TOUT ton studio s’allume sous tes yeux émerveillés.
Déjà, cela t’enlève un frein pour t’y mettre (fini les: “ah mais il faut que je branche ci ou ça…ça va être long…” et bam, tu atteris sur le canap’, à glander).
Mais ce qui est mieux encore c’est que niveau sensations, tu as l’impression d’être aux commandes d’un espèce de vaisseau, en parfait contrôle de la situation. (voir mon ancien article: avoir un home studio opérationnel rapidement)
6) Prend RDV avec toi-même (pas besoin d’acheter des fleurs, sauf si tu t’aimes vraiment beaucoup)
1- Laisse les réseaux sociaux, la télé, et tous tes soucis à la porte de ton home studio
2- réserve toi un créneau horaire
3- immerge toi à fond dans la création
Remarque: pour compléter, j’adore l’utilisation d’un minuteur bien visuel. Tu dégustes ainsi chaque minute qui s’écoule et cela t’oblige à rester concentré et hyper créatif.
7) Qui dit home studio dit… “home voisins”
Les chances sont maigres pour que ton habitat soit bien isolé acoustiquement. (ou que tu habites un bunker)
Donc, si tes voisins sont du genre à abuser des bouffes sans fin sur fond de Patrick Sébastien, arrange-toi avec eux pour planifier tes sessions création (surtout si tu dois t’enregistrer).
A l’inverse, si tu dois t’époumoner ou taper comme un sourd sur tes fûts pour un enregistrement, préviens-les. Un texto ou un petit mot courtois entre voisins change tout. Cela leur permettra de mieux estimer et supporter ce temporaire déchainement des enfers.
8) Ton arsenal calibré, prêt à faire feu
Parfois, tu enregistres à l’arrache une idée sur l’instant et il se passe quelque chose d’étrange: impossible ensuite de la mettre au propre avec la même émotion ou énergie.
Et si cette idée a été enregistrée avec du souffle et des parasites: c’est irrécupérable et tu es bien dégoûté.
Donc assure-toi bien d’avoir tout pour faire de bonnes prises avant de commencer à créer: chaine du son vérifiée, tu peux enregistrer, tu peux t’entendre au retour casque, tu n’as pas de parasites, pas d’échos indésirables, etc.
Tu sera alors prêt à capter la moindre idée avec le meilleur rendu possible. (l’esprit zen)
9) Adapte ta palette sonore à tes goûts
Fais le tri dans tes samples et sélectionne les instruments virtuels (vsti) que tu aimes bien parmi la plethore que tu as a dispo. Tu gagneras un temps fou ensuite sur session.
10) Le conseil qui parait con… (mais en fait, pas du tout)
J’ai l’exemple d’un client qui a enregistré sa voix en chantant du mauvais côté du micro, celui qui capte beaucoup moins bien le son.
Il s’en est rendu compte quand je lui ai montré comment chanter avec. Heureusement, il ne s’en était pas encore beaucoup servi, mais imagine s’il avait enregistré 10, 20 chansons avec…!
Tout le taf serait à refaire.
Alors lis bien la notice de ton matériel, c’est le mieux pour t’en servir au plus vite. Surtout que bien souvent, tu as des guides de démarrage rapide assez bien foutus.
Oui… je sais que tu frétilles comme un gamin à la veille de Noël… Prends juste 5mn. Pose-toi avec la boisson de ton choix. Et lis cette fuc*ing notice.
11) Deviens ton propre directeur artistique
Tu veux savoir comment garder le cap une fois au coeur de la tempête créative?
-> Écris à l’avance ce que tu prévois de faire pour ton nouvel opus.
Tu peux par exemple anticiper les différentes couleurs sonores que tu voudrais ou avoir une idée de la structure de ton morceau… Le tout s’imbriquera alors bien mieux ensuite, car tu vas créer avec un schéma en tête: et cela change tout.
C’est comme pour la construction d’une maison: utiliser un plan te donnera toujours un rendu bien moins bancal que d’improviser à l’arrache sur le moment. (n’est-ce pas Numérobis…?)
12) LV1: anglais, LV2: MAO
Si tu bloque à chaque mot de ton logiciel, tu ne vas pas aller bien loin. Et la musique étant dominée par le monde anglo-saxon, tu vas rencontrer 2 types de (gros) mots:
- les anglicismes
- le jargon d’ingé son
Donc déjà, rafraîchis dans ton esprit ces vieilles notions d’anglais du lycée avec Miss Purple. Et ensuite, prends le temps de chercher ces quelques mots techniques qui te frappent en pleine tronche de manière récurrente. ex: fader, envoi auxiliaire, etc…
Rassure toi… pour te faciliter la vie, ton humble et dévoué serviteur à compilé ces 2 types de dialectes autochtones en un seul et même endroit: jargon MAO: le lexique complet, en 130 mots.
Apprends les par coeur… y a interro surprise ce vendredi avant les vacances.
13) Te repérer dans la jungle des potars
Commence par choisir le meilleur logiciel adapté pour toi.
Et ensuite, apprend au minimum ces 3 choses:
- comment fonctionne une console de mixage
- comment lancer tes enregistrements audio et MIDI
- comment utiliser les principaux effets utiles
Tu sauras alors un minimum t’y retrouver sur ton logiciel.
Rem: Si tu as choisi cet incroyable outil créatif qu’est Ableton Live, alors voici une vidéo de ma chaine Youtube pour prendre tes marques dessus , en 20mn.
14) Vérifie que ton ordi est bien de ton côté
…et qu’il ne vas pas te laisser tomber en route comme une vieille chaussette. (ce vieux fourbe)
- Vérifie que tu as assez d’espace sur ton disque dur pour enregistrer tes pistes
- apprends à gérer les soucis de latence et de craquements audio pour ne pas être gêné par un manque de ressource de ton processeur
- connais tes bases en informatique. Au minimum: gestion de tes dossiers et de l’interface. (ne change pas de système d’exploitation. garde celui que tu connais bien, tu vas être perdu sinon. Mac, windows, Linux: j’ai crée sur les 3. Aucun souci)
Créer sa musique l’esprit zen: et si ta prochaine session devenait un véritable feu d’artifice créatif ?
Car oui, c’est tout à fait possible. D’autres ont crée des musiques qui cartonnent en home studio avant toi, et avec bien moins de matos.
Et puis pense au risque: tu es tranquilou chez toi, en pantoufles… au pire si tu te rates, tu recommences. Tu n’est pas en train de te saigner à coups de centaines d’euros la journée comme dans un studio pro. C’est l’énorme avantage.
Alors ne recule pas éternellement pour ne jamais sauter. Investis ce qu’il te faut en config et en compétences et lance toi avec un large sourire, toutes dents dehors. (Au risque d’en ébrécher une ou deux… ça donne du charme)
Tu n’as pas besoin de tout cocher pour être prêt à te lancer, loin de là.
Sélectionne juste 2-3 astuces et applique les avant d’attaquer ton prochain son.
Par exemple, si tu te retrouves à perdre énormément de temps à naviguer entre tes différentes sonorités, eh bien il serait peut-être temps de penser à faire le tri dans tes instruments virtuels ou dans tes samples, non?
Et surtout, pour te préparer au mieux, télécharge le guide de démarrage gratuit en PDF. Il te permettra de lever tes doutes, de mieux dompter ton logiciel et de connaître les principaux effets de mixage de ton logiciel MAO.
Je te souhaite une bonne création, sans stress 🙂
(voire une bonne RÉcréation… garde toujours le process fun)
Crédits photos: Rachel Claire, Steve Jonhson, Ibrahim Boran, Sebastien Voortman.