Créer sa musique 12 fois plus vite (sans sacrifier la qualité): l’étude de cas
Aujourd’hui, j’en reste encore bouche-bée.
Comme toi, je pensais que créer sa musique était une vraie galère. Et cela n’avait qu’un effet : me faire perdre le goût pour ma passion.
En fait, si tu mets plus d’un mois à finir un morceau, tu ressens sans doute ce que je veux te dire. Cette sensation de ne jamais voir le bout, de penser que finaliser un titre est pire que d’assembler un puzzle de 3000 pièces.
Ta santé mentale en prends un coup.
Et puis, si tu mets des mois à composer un morceau qui sonne moyen, de combien d’années tu auras besoin pour atteindre le niveau des pros, qui eux ont des centaines de morceaux derrière eux?
A titre indicatif, voici combien nos aînés (qui écrivaient à la plume) ont composé de morceaux durant leur vie:
- Beethoven: 500.
- Mozart: Plus de 600.
- Bach: Plus de 1000.
Tu le pressens bien, pour devenir bon il va te falloir abattre des morceaux, beaucoup de morceaux. Et une vie entière parait bien courte quand tu mets des mois à boucler une seule musique.
Alors tu aimerais sans doute savoir comment j’ai fait pour passer de:
–> 1 musique finie en 12 semaines
à:
–> 1 musique finie PAR semaine avec un emploi du temps déjà surchargé?
(50h/semaine: job+blog)
Voici en détail la méthode que j’ai utilisé pour relever ce défi.
Créer sa musique: La galère des débuts
Composer seul est pour moi bien plus compliqué qu’en groupe.
En groupe, si t’es en panne sèche, un autre aura de l’inspiration. Si t’as pas la motiv’, un autre va être moteur et faire avancer la compo.
Seul, t’es un crevard de vieux loup perdu loin de sa meute. Tu galères pour tout.
- J’ai composé pendant 5 ans avec plusieurs groupes —> plus d’une trentaine de titres et beaucoup de plaisir.
- Je compose depuis 14 ans tout seul —> juste une vingtaine de morceaux finis. (la majorité ces dernières années)
…et des premiers titres engendrés dans la douleur: 3 mois en moyenne pour boucler un morceau. De la folie.
Le pire? C’est quand je m’apercevais des mois plus tard que le rendu n’était pas si terrible. Un vrai crève-cœur.
2 options s’offraient alors:
- Je lâche l’affaire et me trouve une autre passion, comme l’art de fourrer des chipolatas.
- Je m’y remet, mais avec une limite de temps: genre, 1 morceau par semaine.
“Je préfère finir des musiques bof en y prenant du plaisir que de me torturer des mois sur des musiques qui au final… seront bof aussi.”
Oui, j’ai choisi l’option 2.
Oui, j’ai terminé 12 morceaux entiers en 3 mois. (en bossant 50h à côté)
Et NON, les musiques qui en sont sorties ne m’ont pas déçues par leur qualité. (par rapport à mon modeste niveau lors de leur production, en 2016)
Elles me semblent même mieux sonner que celles pour lesquelles je me suis saigné 3 mois chacune. (De mon point de vue et de ceux qui ont eu l’amabilité de me donner leurs avis dessus)
Et ça.
Ça a été la graaaande surprise.
Je te laisses en juger par toi-même.
Musiques faites en 3 mois:
Musiques faites en 1 semaine:
Faire des musiques 12 fois plus vite, sans perdre en qualité…
Waaaah
Crois-moi, ta perception de la composition musicale change du tout-au-tout.
Non, en fait… ne me crois pas:
EXPERIMENTE-LE.
C’est de loin le meilleur remède contre le manque de motiv’ et d’inspiration du loup solitaire en Home studio.
Chaud pour tenter l’aventure aussi?
Alors attrape ton baluchon et laisse derrière-toi ce compositeur qui galère. On part à la rencontre du compositeur confiant. De celui que tu deviendras quand tu découvriras par cette expérience que:
- une musique ne demande pas autant de temps à faire
- composer beaucoup te fait progresser à pas de géants
- avoir une nuée de morceaux te donne le luxe de proposer les meilleurs
Et le plus important dans tout ça… que composer (re)devient un véritable plaisir.
Alors en route pour la quête du Graal.
1ère escale: un rendez-vous avec toi-même…
Étape 1: Le contrat
Comment arriver à coup sûr au bout d’un tel challenge?
En mettant en place une stratégie im-pa-rable…
1) Définis clairement où tu veux aller.
En fonction de tes ambitions, tu peux avoir divers objectifs:
- Un objectif de régularité, sur le long terme.
–> “faire 2 albums par an”. Soit une trentaine de musiques. Soit 1 musique toute les 2 semaines environ. - Mais tu peux aussi carburer à fond pendant quelques mois. Te reposer. Recommencer.
–> “1 mois pour sortir un EP de 4 morceaux”. Soit 1 musique par semaine.
Ne sois pas aussi gourmand que moi. Je m’étais fixé 1 musique par semaine pendant un an. Trop intense ou trop long avec un emploi du temps chargé: j’ai tenu 3 mois. (Rien de mal à échouer, mais le surmenage, c’est mal)
Prends quelques minutes pour y penser et savoir ce que tu veux avec précision.
Ensuite prend une grande inspiration, car on arrive au moment crucial: le baptême du feu.
2) Mets quelque chose en jeu.
La meilleure manière d’être certain d’aller au bout de ton projet, c’est d’avoir un enjeu qui te maintienne sur les rails.
La carotte? le bâton?
Les 2.
La carotte, c’est la joie de créer et de partager tes œuvres. Pas de soucis, tu la ressentiras à chaque morceau fini.
Le bâton, c’est quelque chose que tu crains de perdre. Au choix:
- Ta fierté (perdre la face)
- Ton argent
Ta fierté comme enjeu
Trouve-toi un maximum de personnes à qui annoncer ton défi.
Il faut que ça te mette une bonne pression, qu’un abandon soit synonyme de Harakiri dans ton esprit.
L’annoncer qu’à ta mère par exemple, ne serait pas un choix judicieux. Si tu lâches l’affaire au bout d’une semaine, elle sera quand même fière de toi.
Zéro pression…
Mais par exemple, annoncer à des gens que tu vois tous les jours (collègues, autres étudiants) que tu vas sortir un EP dans 1 mois.
Là, crois-moi ils vont te mettre la pression. Car il seront curieux d’écouter le résultat et ils te poseront souvent des questions sur ton projet. (Tu peux aussi utiliser les réseaux sociaux)
Résultat? tu iras au bout de ton challenge.
Car tu auras encore plus la bougeotte que si t’avais une famille de criquets dans ton slip.
C’est le choix que j’ai fait. J’ai rendu ce défi public sur le blog. Puis j’en ai parlé autour de moi: famille, amis, collègues.
Plus il y a de monde, mieux c’est.
Plus tu les vois souvent, mieux c’est.
Ton argent comme enjeu
Autre choix.
Parle de ton projet à un ami et propose lui un marché: Si tu n’arrives pas à remplir ton objectif à telle date, tu lui donnes 100 euros. (Ou la somme qui te parait assez grosse pour te faire te bouger)
Là aussi, ça va te mettre un bon stress et tu resteras focalisé sur ton projet.
Car tu ne veux pas voir le sourire énervant de ton pote en perdant ton fric bêtement non?
Bien.
Alors, peu importe le mode de pression choisi, annonce ton projet 2 semaines avant de le commencer. (On a de la préparation à faire)
SURTOUT, ne zappe pas cette étape.
Annoncer ton projet change tout. C’est la petite voix dans ta tête qui va te ramener à ton Home Studio aussi vite qu’un sexto te fait revenir auprès de ta moitié.
OK.
T’as bien définis ton objectif? Tu l’as annoncé? La pression monte?
Parfait, on va à présent tout préparer pour le jour J.
Étape 2: Ton matériel
Ça, c’est la liste du matos que j’ai utilisé à l’époque de mon défi:
- Macbook blanc vieux de 9 ans (très lent)
- Carte son + enceintes+ casque
- Contrôleurs MIDI
- Ableton Live
- Guitares + plugin « Amplitube » (exceptionnellement, le seul plugin externe à Ableton. Car j’enregistrais à 5h du matin, donc sans ampli)
En ce moment, je compose juste avec: Macbook. Ableton. Casque. Pas plus.
Le piège ici serait de te dire que tu vas avoir besoin de beaucoup de plugins et matos avant de te lancer. Or, partir à la course à l’armement ne te mènera qu’à repousser la date.
Pire encore, tu prendrais un gros risque: celui de devoir tout réapprendre et faire n’importe quoi.
C’est comme changer de matériel avant une grande expédition.
Magnifiques ces chaussures de rando hi-tech qui te donnent un look d’aventurier. Oui, sauf que tes pieds n’y sont pas habitués. Après 2 jours de marche, tu vas pleurer les pieds en sang et tu ne pourras plus faire un seul pas.
Trois tapes sur le tatami => Abandon.
Et double peine: tu te seras bien ruiné pour les avoir ces pompes de torture…
Alors qu’avec tes bonnes vieilles tennis qui puent (mais qui te vont comme des pantoufles cotonneuses) tu serais allé au bout sans souci.
Donc, ne te prends pas la tête.
Pour composer plus de morceaux, tu as juste besoin d’une poignée d’outils simples.
D’outils que tu maîtrises déjà.
Télécharge-ici un guide gratuit pour t’assurer d’avoir le minimum vital.
Bien.
L’équipement de base c’est fait. Ajoutons de quoi t’alimenter durant ton périple.
Étape 3: De la matière
Les sons.
Ta matière première.
–> 3 sources possibles: samples, synthèse et tes propres enregistrements.
1) Les samples
Tu aimes la sonorité d’un instrument mais tu ne sais pas en jouer? Alors télécharge des samples et crée-toi une petite bibliothèque personnelle de sons que tu aimes bien.
Là aussi, attention à ne pas trop en stocker.
Une grosse bibliothèque te fera perdre du temps à 2 reprises:
- Quand tu collectes tous tes innombrables samples.
- Quand t’es en pleine création et que tu cherches le bon sample parmi ce gros foutoir. (c’est pire… tu tues ta créativité et ton workflow)
Pour ma part, j’avais préparé un ensemble de 50 samples d’éléments de batterie. Renommés et classés pour m’y retrouver facilement.
Et 13 autres samples téléchargés sur Looperman. Des boucles plus longues à retravailler: piano, Acapellas (voix), orchestres, etc.
Exemple du 3ème sample: “Babygee- What you do to me” (utilisé sur 2 musiques):
Suffisant pour m’alimenter en samples sur les 12 musiques.
2) La synthèse
Ensuite, pour élargir encore ta palette sonore, tu as la synthèse: l’art de créer des sons en triturant des signaux électroniques de base.
Perso, j’ai utilisé Analog, le plugin de synthétiseur analogique d’Ableton pour faire quelques basses et leads.
Ton logiciel DAW doit sûrement te proposer un tel plugin. Souvent, tu y trouveras des « presets » (préréglages) faits d’usine qui te permettent de changer la sonorité du synthé en un seul clic.
Liste ceux qui te plaisent le plus. Tu gagneras un temps précieux au moment d’enregistrer.
3) Tes propres instruments et voix
Ici, pas grand chose à faire à part peut-être t’assurer de la manière dont tu vas capturer le son.
Met tout en place et à portée de main: micro avec filtre anti-pop sur son pied. Guitare branchée, etc.
Si tu as une guitare électrique, pense en avance aux 2,3 réglages que tu utilises le plus. (Clean, crunch, saturé, etc) Et assure-toi de pouvoir recréer ces sons à l’identique. Ça aide si tu dois refaire une prise.
Allez.
On a les outils.
On a la matière première.
Reste à voir un peu où on va avec tout ça.
Étape 4: Les idées
Bienvenue dans les coulisses.
Avant le défi, il y a une chose très importante que j’ai faite: analyser des morceaux que j’aime.
10 jours à analyser 10 morceaux.
C’est ce que je te conseille aussi de faire.
1) Analyses de morceaux
Choisis 10 titres que tu aurais rêvé de composer toi-même.
Écoute comment ils créent leurs mélodies, leur suites d’accords, leurs sons, comment ils mixent, quelles structures ils utilisent, leurs transitions, etc.
Note tout ça aussi précieusement que si tu écoutais un vieux pirate te révéler l’emplacement de son trésor.
Non seulement tu vas beaucoup apprendre, mais en plus ça va te donner des idées à piocher pour créer tes musiques bien plus rapidement.
Conseil pour éviter le plagiat: ne t’inspire pas que d’un seul artiste, mais bien de 5 à 10 artistes différents. Avec un maximum de styles variés.
Quand tu t’inspires d’une dizaine d’artistes, tu prends des idées que tu aimes de chacun. Au final, c’est ton propre son qui va décanter de tout ce mélange.
En analysant les morceaux que tu adores, les bénéfices sont multiples:
- Tu te remplis d’idées
- Tu découvres plein de techniques et astuces de tes Maîtres
- Tu poses les bases de ton propre son en tant que compositeur
Oui, c’est énorme.
Mais on ne va pas s’arrêter là…
2) Tes propres idées
Sauvegarde tes idées musicales.
Tu sais, celles qui te viennent quand tu chantes sous la douche ou que tu improvises sur tes machines à sons.
Tu peux t’enregistrer sur ton smartphone avec la fonction Dictaphone ou juste noter sur un bloc note. Peu importe le support.
Le but est de te créer une véritable bibliothèque d’idées à toi. (pour en savoir plus lis cet article sur l’inspiration)
En plus des inspirations de tes Maîtres, tu auras là de vrais points de départ solides pour tes futures musiques.
Bon. On commence à être pas trop mal là niveau préparations.
Il ne te manque plus qu’un bon plan de route avant le grand départ.
Étape 5: Définis tes étapes
Aucune expédition ne se fait sans carte ni plan d’attaque.
Et il est grand temps de planifier ton périple en détail.
1) La durée de tes sessions
Commence par déterminer combien de temps tu pourrais consacrer chaque jour à créer tes musiques.
Si tu peux, opte pour des sessions de plus de 45mn. Surtout pour les sessions créatives. Tu as besoin de 15mn minimum pour rentrer dans un état propice à la création, l’état de “flow”, comme le nomme le psychologue et chercheur Hongrois Mihaly Csikszentmihalyi.
Des sessions de 30mn ne te laisseraient que trop peu de temps pour libérer toute ta créativité.
Pour ma part, je fonctionne bien en sessions de 1h30.
Si c’est trop pour toi, 1h par jour est déjà très bien.
2) Le moment de la journée
Essaie aussi, si tu t’en sens le courage de caler tes sessions le matin.
C’est un tout autre monde.
Quand tu mets le réveil plus tôt pour réaliser ton rêve, il se passe quelque chose d’extraordinaire. Faut l’expérimenter pour saisir toute la portée du truc:
- Le matin, ton esprit n’est pas encore encombré par toute une journée d’interactions. Les idées viennent, toutes fraiches.
- Personne ne peut te déranger.
- Tu vas être fier tout au long de ta journée. Car oui, tu te couches et te lèves plus tôt, mais c’est pour faire passer ta passion en priorité n°1.
- DRRIIING. T’es réveillé (et pour une bonne raison)… alors autant t’y mettre. Pas de place pour la procrastination.
A l’opposé, le soir: t’en as plein la tête, t’es crevé et le seul endroit où t’as envie de poser tes fesses, c’est le canap’ et non ton siège de Home Studio… aussi confortable soit-il.
C’est souvent ce qui arrive, non? Dis-moi tout.
Bref.
Matin/soir, à toi de voir.
3) Ton planning
Place enfin tes X sessions sur ton planning, en fonction de tes disponibilités.
Et précise ensuite ce que tu projettes de faire pour chacune des sessions.
Pour t’aider, j’avais planifié 8 sessions par semaine: 3 de composition, 2 d’arrangement et 3 de mixage/mastering. (12h en moyenne pour une musique)
Comme ça, tu sais précisément ce que tu dois faire, au jour le jour.
De quoi défoncer ton défi avec la sérénité d’un samurai.
Derniers conseils
Tu pensais que terminer une musique prenait des mois? Tu y perdais tes plumes?
Maintenant, tu as une alternative. Meilleure et plus gratifiante. Une méthode éprouvée et pas-à-pas pour t’emmener à changer de perception.
Créer sa musique en 1 ou 2 semaines n’a rien d’impossible. (Même si à côté tu as 50h de travail)
Les avantages sont multiples:
- Tu gagneras très vite en expérience
- Tu as moins de chances de te lasser et d’abandonner tes morceaux en plein milieu.
- Tu peux aussi proposer plus régulièrement du contenu à tes fans, et de meilleure qualité
- Et enfin, si tu sais finir un morceau vite, ça peut être profitable le jour où tu seras assez bon pour vendre ta prestation et répondre du tac-o-tac à une commande.
Bref, de nombreux points qui te rapprocheront de tes rêves.
Alors bien sûr, ce défi va te demander du courage. Tu vas devoir prendre sur toi. Et c’est pourquoi je t’ai donné ici de quoi t’y préparer.
Ces 5 étapes ont fait leur preuve, tu as maintenant une base robuste pour te lancer.
Car c’est bien ça le plus important:
Une fois que t’es chaud et que t’es fixé sur ton objectif: ANNONCE-LE aux plus de personnes possibles.
Commence l’étape 1.
Une fois que tu te seras jeté à l’eau, tes doutes et tes questions seront dissipés. Tu seras dans l’instant. A te challenger pour évoluer.
Et rien de grave si tu échoues, il n’en sortira que du positif.
Tant pis aussi si certains morceaux sont moyens, tu en feras des remarquables.
Lance-toi. Tes compos deviendront meilleures à chaque fois et tu prendras de plus en plus de plaisir.
Tu auras alors franchi un palier capital dans ton cursus de compositeur. Celui où tu pends conscience et confiance en tes capacités à créer de manière régulière.
Et tu deviendras alors enfin ce compositeur efficace et serein qui progresse de morceaux en morceaux.
Maintenant.
A toi de faire le grand saut.
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