19 méthodes à connaître pour trouver une mélodie facilement (sans solfège)
Toi aussi tu galères à trouver une mélodie?
Je sais, c’est frustrant.
L’impression de tourner en rond et quand tu alignes enfin quelques notes… ça sonne mal.
Pas assez prenant.
Pas assez original.
Le problème? La mélodie est l’élément principal qui focalise l’attention: l’élément que l’on mémorise.
Si tes auditeurs ne la retienne pas, ils oublieront ta musique et se rempliront la tête d’autres sons.
Et quand tu trouves des mélodies sympas, laisse moi deviner: tu ne sais pas trop comment tu t’y es pris. Tu as l’impression de les trouver par chance, de manière aléatoire.
J’imagine que ça t’angoisse.
C’est du “pile ou face”. Ça passe ou ça casse. Et à chaque nouveau morceau, tu redoutes le moment où tu vas venir buter contre ce blocage.
Tu n’es pas le seul.
Le meilleur moyen d’y remédier? Avoir dans sa boite à outils une panoplie entière de méthodes pour faire une mélodie.
C’est pour ça que je te propose aujourd’hui une grooooosse compilation réunissant les 19 techniques que j’utilise le plus.
Le véritable couteau Suisse du compositeur.
Toutes ne t’iront peut-être pas. Mais il y en a bien 2-3 dans le lot qui vont te parler, te sauter aux yeux et t’aider à te sortir de l’impasse.
Trouver une mélodie: 19 techniques imparables
1) La « mélodie 3+1 »
Tu te perds à monter et descendre ta gamme sans donner de sens à tes mélodies? Alors cette méthode est pour toi.
Crée une mélodie en ne t’autorisant que 3 notes différentes. Tu seras forcé de te concentrer sur deux éléments vitaux de ta mélodie: rythme et émotion.
La 4ème note? C’est ton « joker ». Tu peux utiliser n’importe quelle autre note de la gamme, mais avec parcimonie… comme le wasabi.
C’est la méthode bulldozer pour trouver des riffs intéressants.
Riff= Motif répétitif= courte mélodie.
Ex: riff guitare de Satisfaction des Rolling Stones:
2) Tape d’abord, discute ensuite
Ta tête bouge sur un rythme que toi seul entends? Tu tapotes sur tout ce qui te tombe sous la main, tel un batteur épileptique?
On va se servir de cette douce folie.
Tape ce rythme sur une seule note en l’enregistrant sur une piste MIDI et change ensuite la hauteur des notes pour obtenir une ligne mélodique à ton goût.
Y aller en 2 étapes te permettra de créer plus facilement ta mélodie.
3) Passe tes mélodies à la moulinette
Prends n’importe quelle mélodie comme point de départ: une de quelqu’un d’autre, une vieille mélodie dont tu ne t’es jamais servi ou le résultat d’une impro qui ne te convainc pas trop.
Découpe-là en rondelles à grands coups de Katana et mets tous les morceaux dans un sampler.
Rejoue-là dans le désordre, avec un feeling nouveau.
Idéal pour récupérer des mélodies à la casse et en faire du matériel qui crache comme un v8.
Exemple sur un de mes morceaux. Mélodie enregistrée d’abord à la guitare, puis “passée à la moulinette” (entre 00:25 et 00:41):
4) Inspire toi des autres
Vraiment pas inspiré aujourd’hui? Alors vole des idées, comme tout bon artiste qui se respecte.
Attention… Ne pille pas toute une mélodie tel un margoulin. Fais-le avec classe, à la Arsène Lupin: emprunte juste une “idée”, un des paramètres de cette mélodie.
–> Son rythme, sa courbe, les notes utilisées, les intervalles entre notes, les longueurs de notes, les accents donnés, etc.
Simple. Efficace. Idéal pour désamorcer un blocage.
5) Tu es entouré de lignes mélodiques (I)
Observe autour de toi.
Tu peux trouver une idée de mélodie par les formes que tu vois: paysage, objets, êtres vivants, peu importe.
Redessine ces lignes sur ton « piano roll » MIDI et affine pour coller à quelque chose que tu aimes bien. Dans cet ordre d’idée, tu as Andrew Huang qui a fait une tête de licorne en MIDI par exemple.
Fais pareil, mais bien plus simple. Avec juste une ligne mélodique, comme la courbe d’une montagne par exemple.
Une technique originale de passe-passe entre l’image et le son.
6) Tu es entouré de lignes mélodiques (II)
Ecoute les sons de la nature. Beaucoup de grands compositeurs ont crée leurs mélodies comme ça.
L’avantage c’est qu’aujourd’hui, un Smartphone + une application dictaphone et zou: tu captes les sons que tu veux. Que ce soit des sonorités « naturelles » ou d’objets de la vie quotidienne.
—> Oiseaux, gouttes de pluie, imprimante du bureau, cliquetis de ventilateur, moteur d’une voiture, etc.
Prêtes-y attention ne serait-ce qu’une seule journée. Tu vas halluciner… En fait, si t’écoutes bien, tout l’univers autour de toi te chuchote des mélodies à longueur de temps.
7) Le hasard à la Mozart
Mozart utilisait une série de motifs qu’il assemblait au hasard en les tirant aux dés.
Fais pareil.
Tu peux te définir une règle à suivre, et utiliser des dés, des cartes ou n’importe quelle source de hasard.
Lâche le volant. Laisse toi guider au hasard. Tu vas explorer plein de pistes intéressantes.
Tu peux utiliser aussi la technique que je te montre dans cette video:
8) Le hasard à la (Conan le) Barbare
Découverte alors que je bossais sur une compo.
J’avais enregistré une suite d’accords sur une piste MIDI et lui cherchais un instrument virtuel. En testant plusieurs vsti, j’ai affecté par erreur un instrument monophonique. (Donc qui ne joue pas d’accords, mais juste une seule note à la fois).
Résultat?
Une mélodie m’est tombée tout droit dans le bec: (exemple de cette mélodie toute simple de 1:08 à 1:36)
Prépare une piste MIDI avec un vsti monophonique. Ajoute-lui un effet « scale » (sur Ableton) pour brider toutes les notes jouées dans une seule gamme.
Et BAM.
Bourrine à pleine main sur ton clavier. (en te concentrant sur un rythme intéressant)
“Co-nan… con-tant…!!”
Enregistre tes exploits artistiques et fais le tri.
La finesse du jeu à pleine main sur un clavier… Rien que pour la beauté du geste, c’est jouissif.
9) Miroir vertical
L’idée est de récupérer le fichier MIDI d’un morceau connu et de le retourner complètement: ce qui est en haut se retrouve en bas.
Les intervalles sont conservés, mais dans l’autre sens. Si tu as un intervalle de 3 demi-tons ascendant, tu le transforme en intervalle de 3 demi-tons descendant.
“Cul par dessus tête”, ta mélodie va se révéler sous un autre angle. (qui peut se révéler extrêmement sexy d’ailleurs)
Exemple en détail par cet excellent youtubeur, Pandrezz:
10) Miroir horizontal
Contrairement à la méthode précédente, ici on utilise le “mode reverse”: la fin devient le début.
Prends n’importe quelle mélodie et inverse là. En plus de donner des sonorités uniques, ça va te faire pétiller les neurones de nouvelles idées.
Une méthode créative vénérée par le duo exceptionnel de Ratatat.
11) Vise les notes cibles
Tu as déjà trouvé une suite d’accords? Alors vise une note de chaque accord avec ta mélodie.
Si l’accompagnement joue 4 accords, tu obtiens un “squelette de mélodie” de 4 notes cibles.
Remplis ensuite le reste de ta mélodie avec d’autres notes de la gamme. En musique classique, ils appellent ça la « crouse » (note cible) et « l’anacrouse » (les notes qui vont vers la note cible).
Ça date pas d’hier, en effet.
12) Tension/résolution: la méthode classique
Balise tes phrases mélodiques avec des notes qui ont un poids différent d’un point de vue tension/résolution:
- La 5ème et 7ème note de ta gamme (en majeur et mineur harmonique) sont les notes à plus forte tension.
- La 1ère note de ta gamme apaise cette tension: c’est la résolution.
Tout le jeu est de construire tes phrases mélodiques en visant des différences de tension aux moments clés: début et fin de phrases.
Une méthode intemporelle.
Exemple sur “Frère Jacques”. Utilisation massive de la 1ère note de la gamme (Fa) et la 5ème (Do) en début et fin des 4 phrases.
13) Travaille ta matière
Comment transformer un petit motif de quelques notes en mélodie entière?
Considère ce motif comme ta matière de départ. Puis sors la machette, le marteau et le bec Bunsen et fais lui subir le maximum de transformations possibles.
—> Découpe, transpose, inverse, étire, compresse, applique des effets, converti en MIDI, utilise un arpegiator, reviens en audio, etc.
Tu obtiendras tout un tas de nouvelles versions de l’idée de départ. Il ne te restera plus qu’à choisir lesquelles assembler pour créer ta mélodie.
14) La méthode Frankenstein
Garde ta machette, ton bec bunsen et enfile une blouse blanche: on va créer la créature ultime.
Enregistre ou récupère 3 mélodies connues que t’aimes bien sur une même piste MIDI. Découpe de gros blocs et transplante ceux qui t’intéressent sur une autre piste.
Ne reste plus qu’à jouer les savants fous en combinant les différents morceaux pour créer ta nouvelle mélodie.
Pas naturel comme méthode…?
Regarde un peu ce qu’elle fait la Nature: Maman castor + Papa canard–> l’ornithorynque.
15) Le kit de construction émotionnel
Musique = véhicule à émotions.
Pour trouver une mélodie, pars de l’émotion que tu veux transmettre et écris tous les paramètres qu’elle devrait avoir. (courbe, accents, hauteur, rythme, gamme, sonorité, etc)
Quelques pistes, juste pour la compréhension (exemples “bateau”, à ne pas prendre au pied de la lettre):
- Mélancolie—> notes longues, pas beaucoup d’accents, tonalité mineure, vibrato, etc.
- Joie—> notes courtes, sautillantes, tonalité majeure, swing, etc.
- Colère—> rythme saccadé, sonorité agressive, fortissimo, tonalité mineure, dissonances, etc.
Imaginer ta mélodie en terme d’émotion te permettra de faire le gros du boulot: lui insuffler la vie, une âme.
16) La « Perculodie »
Méthode peu académique.
L’idée est simple: faire jouer un fichier MIDI de percussions par un instrument MIDI mélodique. Ça te permet de récupérer un rythme intéressant.
Ajuste ensuite les hauteurs et durées de à ta guise pour obtenir une mélodie bien rythmée.
Mais attention, j’ai obligation de te prévenir avant:
17) Le nombre d’or (comme tonton Bach)
Le nombre d’or, pour faire court, c’est la proportion de base qu’utilise la nature pour créer le vivant: végétaux, animaux, humains.
Et comme la nature fait de jolies choses, les artistes ont toujours voulu la copier: en architecture, en peinture, mais aussi en musique (Bach notamment).
Ce nombre, c’est 1,618.
Tu peux le retrouver en utilisant la “Suite de Fibonacci”: 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, etc.
(La règle de cette suite: Un nombre= addition des 2 précédents)
Pour s’approcher ensuite du nombre d’or, il suffit de diviser un nombre de cette suite par son précédent.
En musique, les rapports les plus intéressants pour une mélodie sont: 3/2, 5/3 et 8/5.
Tu peux utiliser ces ratios pour tailler un costard à tes mélodies selon ce nombre d’or: proportion des hauteurs de note, du rythme, de l’articulation ou de la structure de tes mélodies.
Exemples:
- 3/2—> Sur 3 phrases mélodiques: 2 sont identiques, une 3ème se démarque et conclue
- 5/3—> Sur 5 notes: 3 notes rapides + 2 lentes
- 8/5—> Sur 8 notes: 3 jouent une même note, les 5 dernières jouent une autre note.
Exemple sur “Still Dre”, de Dr DRE: La La La La La La La La, La La La Sol Sol Sol Sol Sol —> 8x La – 3x La – 5x Sol
Les applications sont infinies. A toi d’imaginer comment faire briller tes mélodies avec ce nombre d’or.
18) Composer une mélodie avec les arpèges
Les arpèges, c’est les notes des accords joués séparément.
L’idée ici, c’est de penser ta mélodie qu’avec des arpèges et de temps à autres, utiliser d’autres notes de la gamme pour les lier entre-eux.
Aussi simple et redoutable qu’une tequila paf.
Exemple avec cette mélodie de Cumbia. (Quasiment que des arpèges)
19) Le chant intérieur
Isole-toi et ferme les yeux. Mets toi dans l’état émotionnel que tu veux transmettre et imagine ta mélodie.
Chante intérieurement.
Tu vas faire plusieurs essais de mélodies bidon… la bonne sera juste celle qui te fera faire de légers hochements de tête.
Répète-la encore et encore en la fredonnant pour ne pas l’oublier, puis enregistre ta voix au brouillon sur smartphone, Dictaphone ou PC. Tu n’auras plus qu’à la retranscrire ensuite avec un instrument.
C’est la méthode la plus directe pour catapulter tes émotions vers ton disque dur.
A toi de jouer
Tu ne savais pas trop comment trouver une mélodie? Tu as maintenant 19 cordes à ton arc.
Et ça va changer la donne.
Tu vas pouvoir jongler entre plusieurs techniques, pour varier et maintenir ton esprit intéressé et inspiré.
Fini les blocages.
Tu vas pouvoir créer des mélodies à la pelle. Des mélodies qui frappent les esprits. Des mélodies qui obsèdent tes auditeurs.
Tes musiques auront ce petit quelque chose qu’on retient. Comme quand tu t’es régalé dans un resto et que tu salives rien qu’en y passant devant.
Alors, ça va te demander quelques efforts, c’est vrai. Mais je sais que tu es motivé. Je sais que tu veux maîtriser ce point crucial.
Tu viens de lire une des plus importantes compilation de techniques pour t’aider à trouver facilement des mélodies. Testées et approuvées par ton humble serviteur, mais aussi, pour certaines, par les plus grands compositeurs des siècles présents et passés.
Sers-toi-en pour composer, toi aussi, des mélodies inspirantes. Et garde en tête que c’est comme tout: plus tu en feras, plus ça deviendra facile.
Tu le sais, l’enjeu est vital pour tes musiques. Alors choisi juste une des techniques dans cette liste.
Une seule.
Et entraine toi à composer le maximum de mélodies avec.
En plus de te créer un vivier impressionnant de nouvelles idées pour tes futures compositions, tu vas tirer le meilleur parti de cette technique, te l’approprier. Elle va devenir une de tes armes. Un automatisme dans ton savoir-faire. Et tu reviendras alors ici pour en tester d’autres.
Car tu auras entendu le déclic dans ton esprit.
La pièce qui bloquait le mécanisme aura sauté…
…et la machine à idées sera définitivement lancée.
Laisse-moi tes impressions sur le sujet dans les commentaires, histoire qu’on continue la discussion.