Production musicale: 7+1 réussites inspirantes en home studio (≠ styles)
Une question nous torture souvent en home studio…
“Mon matos est-il assez bon pour faire du son de qualité?”
Tu l’as remarqué… les options matériel/logiciels sont légion en production musicale. Et souvent tu vois d’autres réussir avec une config’ différente de la tienne.
Du coup, le raccourci est facile: “je n’y arrive pas comme lui/elle–> mon matériel n’est pas assez bien–> j’achète…”
Bienvenue dans le bourbier de la course à l’armement.
Pour chaque nouveau matos/plugin, tu t’enfonces dans les avis et tests sur internet. Tu y laisses tes sous. Et tu finis ensuite noyé sous les manuels et tutos pour comprendre comment ça marche.
Perte temps. Perte argent.
Tu le sais… à la fin de la journée, ce n’est pas un sentiment glorieux qui t’envahit, mais plutôt une certaine culpabilité. Tu as passé plus de temps le nez dans les catalogues que dans ton son.
C’est pour ça qu’aujourd’hui, je me suis démené pour te dénicher une compilation de 8 artistes qui ont cartonné avec des productions home studio. Tous styles confondus. Mais avec comme critère commun un mi-ni-mum de matos.
Car à la fin de cet article, je veux que tu te dises que c’est possible. Que tu relèves la tête de tes emplettes et que tu déboules dans ton home studio le couteau entre les dents. Prêt à déglinguer tes sons.
Alors, c’est parti. Et on commence trash, avec ce 1er exemple: comment faire un album à succès avec 3 bouts de ficelles et 2 crottes de nez.
1) Bruce Springsteen
Tout d’abord, honneur aux anciens avec Monsieur Springsteen, figure emblématique du rock.
Tu sais, celui qui a écrit “Born in the USA” et qui a été classé à la 23ème place des 100 plus grands artistes de tous les temps par le Rolling Stone magazine.
Eh bien fin 1982, celui qu’on surnomme “le Boss” est fatigué par la durée des sessions d’enregistrement de ses précédents albums. Il adopte alors une stratégie différente: enregistrer les meilleures démos possibles dans sa maison du New Jersey. Loin des studios.
Matériel ultra-minimaliste: un tascam portastudio 144 (enregistrement 4 pistes sur cassette) + 2 micros Shure SM57 et bam, l’album Nebraska voit le jour tel quel.
Intact, intime.
Un album home studio à succès qui sera encensé par la critique et par les fans.
Découvre cet opus incroyable du “Boss” ci-dessous:
Plutôt bluffant non?
Voyons maintenant un autre exemple de gros succès en home studio.
2) White town
Allez, je continue de sonder les archives sonores de l’humanité avec White town.
Tu ne te rappelles peut-être pas de ce nom, mais ce fameux riff va sûrement te revenir et s’installer looooongtemps dans ta tête, comme un bon vieux ver solitaire:
Ce morceau qui a été un hit absolu dès sa sortie en 1997 a été enregistré sur un tascam 688 ministudio, un simple enregistreur cassette 8 pistes.
L’auteur, Mishra, l’a produit seul avec un budget minimal. Selon le site Dazed, il a utilisé pour cela un sampleur bon marché acheté avec de l’argent emprunté à sa petite amie.
« Mon ‘studio’ pour women in technology était une chambre qui faisait à peu près 8 mètres carrés. Avec un plancher qui grince que tu peux entendre sur certaines des pistes de voix » – Mishra (White town)
(source Whitetown.co.uk)
Pas vraiment le cadre auquel on pourrait s’attendre pour la création d’un tel tube.
Mais il n’est pas le seul dans ce cas.
3) Porcupine tree
Le groupe de rock (heavy) progressif mené par Steven Wilson.
Le guitariste, chanteur passionné de home studio a enregistré, mixé et parfois même masterisé la plupart des albums de Porcupine Tree dans une modeste pièce chez ses parents.
Et chacun d’eux s’est vendu à plus de 250 000 exemplaires…
Ci-dessous quelques citations de Steven pour l’excellent magazine Sound on sound.
«Les gens me demandent toujours s’ils peuvent voir des photos de mon studio. Je leur réponds tu seras déçu, j’ai progressivement éliminé tous mes équipements et je n’ai même pas de table de mixage. Je fais tout avec Logic TDM sur un G5 (Mac). »
« Le problème n’est pas d’avoir un studio de luxe, ni la qualité de tes enceintes ou la qualité de l’acoustique de la pièce. Le truc c’est de savoir ce que tu écoutes, parce que si tu sais ce que tu écoutes, tu peux faire des enregistrements qui sonnent bien.
La plupart du temps j’ai fait l’erreur de penser que si j’allais dans un studio pro, avec une vraie table de mixage et un vrai système d’écoute, j’aurai de meilleurs résultats. Mais c’était pire, parce que je n’avais aucune idée de ce que j’étais en train d’écouter et donc je revenais toujours dans ma petite pièce où je savais exactement comment avoir de bons résultats.
Tout sonne bien dans les grands studios mais le truc c’est d’arriver à faire sonner bien avec un système d’écoute et une pièce merdique parce que c’est plus proche de la manière dont tout le monde va l’écouter. Si tu peux faire ça, ça sonnera bien sur tous les systèmes. Et dans mon cas, c’est quelque chose que je constate encore et toujours. »
« Je ne ressens pas le rush d’aller acheter le dernier EQ ou compresseur à la mode parce que je suis à l’aise avec ce que je connais et ce que j’aime. Parfois avoir tous ces genres d’outils a dispo, c’est une barrière entre toi et la créativité. »
D’accord à 100% avec ce que dit Steven. Arsenal minimum –> créativité maximum. Ton meilleur pari: apprendre à connaître ton matos par coeur et à en tirer le meilleur parti. (et tu ne peux pas le faire si tu changes tout le temps de config’…)
Voici le morceau « Train » de Porcupine Tree, enregistré en home studio:
Ça se passe de commentaires. Comme quoi on peut cartonner avec très peu de matériel de nos jours.
Et même avec du matériel d’entrée de gamme. En voici la preuve.
4) Ben Gortmaker
Ben est un artiste indépendant de Nashville (guitariste, chanteur, pianiste).
Sa particularité? Il a enregistré et mixé tout un album dans son home studio… avec Garage band.
Avec ce logiciel très limité en éditions, plugins, automations et accessible gratuitement sur n’importe quel ordinateur d’Apple, on pourrait se demander si c’est vraiment possible de sortir quelque chose de bien avec.
Eh bien c’est ce que Ben démontre avec cet album d’une grande profondeur: All’s Lost, All’s Found.
Suite à un test de Garage Band, qui sonnait bien, il s’est lancé le défi de tout faire dessus.
Il a alors enregistré violons, batterie, guitares, basse, voix, clavier, percussions, etc. Le tout dans une pièce de sa maison, avec juste Garage Band et une modeste carte son audio à deux entrées.
Son interview complète en écoute sur Home studio corner (en anglais).
Voyons à présent un autre exemple de réussite avec config’ minimum: moins de 300€…
5) Tim James
Tim James est un producteur qui a enregistré, mixé et masterisé un album hip-hop appelé Heartheaded dans son home studio avec du matériel très bon marché et limité:
Un micro à 99$. Une interfaces audio à 99$. Un casque à 99$.
« Je pensais que mes mix n’était pas bon parce que je n’avais pas de plugins Wave ou Universal audio. J’ai réalisé que j’arrivais en fait à de très bonnes choses avec les outils que j’avais déjà et j’ai alors commencé à moins me prendre la tête. » – Tim James
« Les plug-ins natif du cubase on était utilisé pour la grande majorité du travail » – Tim James
Un de ses titres sur Soundcloud:
Source issue de l’excellent blog de Graham Cochrane
Très fort.
Allez… à présent, il est l’heure de prendre une bonne grosse claque fouettée, tu sais comme celle tant redoutée de ton pote Hubert, dit “le bucheron”.
6) Gnash
Gros phénomène de ces dernières années dans l’industrie musicale : 214 millions d’écoutes sur Spotify, 49 millions de vues sur YouTube, 36 millions de clics sur Soundcloud. Gnash est un de ces nouveaux producteurs qui ne se posent pas la question de savoir si c’est possible de faire de la bonne musique en home studio.
« Il habite toujours chez ses parents ou sa mère lui apporte des croque-monsieurs pendant les sessions d’enregistrement »
Source: magazine Vogue
« Mon père m’a offert le micro que j’utilise maintenant sur tout : un micro à 200 $ de chez guitare Center » – Gnash
Et selon Billboard Magazine, il a fini son tube “I hate u, I love u” dans son Home studio et l’a ensuite juste mis en ligne dans la minute qui suivait. Simple… :
« Je l’ai mixé, fini le couplet, et fini quelques corrections et je l’ai sorti la même nuit. Puis je suis revenu dans la maison (car je travaille dans le garage, je fais tout de mes musiques dedans). Je vais voir ma mère dans sa chambre et je lui dis en plaisantant un peu: ‘maman je viens juste de sortir le plus beau morceau que j’ai jamais fait’ et elle me répond: ‘retourne au lit mon chéri’. » – Gnash
Tu peux voir le matériel modeste qu’il utilise dans cette vidéo :
Entre autres, une Apollo Twin et des enceintes de monitoring KRK de base.
0 prise de tête. 100% créativité. Enorme succès.
Oui, ça donne le vertige… mais notre périple n’est pas encore terminé. Nous en sommes juste au sommet de la montagne russe. Tu sais lorsque ça ralentit, juste avant le grand plongeon final.
Car voici maintenant l’extra-terrestre de cette liste.
7) Steve Lacy
Pourquoi Steve est un ovni? Il crée sa musique en utilisant l’application Garage Band de son iPhone…
Et c’est tout sauf de la démo.
Il a produit le morceau “Pride” pour Kendrick Lamar et a été aussi nominé au Grammy en tant que producteur exécutif de l’album funk, RnB, soul “Ego death”.
« J’explore le monde des sons avec ce petit appareil dans ma poche et j’ai réalisé que je n’avais pas besoin de plus. » – Steve Lacy
Heart Eyes Mag magazine
Tu peux entendre son histoire inspirante et pleine d’humilité dans ce Ted Talk :
Il y raconte son désir fou de se faire offrir un ordinateur portable par ses parents pour pouvoir enfin produire de la musique. Mais aussi qu’il n’en a jamais eu la chance…
Alors il a fait avec ce qu’il avait de mieux: un iPhone. Et a commencé à bidouiller sur l’application Garage Band.
Plus tard, la possibilité de brancher guitares et basses directement dessus à décuplé sa créativité. Il a finit par adopter et maitriser cette configuration minimale et continue aujourd’hui de l’utiliser, même lorsqu’il travaille avec des producteurs de renom comme Kendrick Lamar, J. Cole ou Goldlink.
L’image que je retiens de Steve, c’est quand il est dans un studio pro. Au milieu de tout ce matos sophistiqué, en train d’enregistrer sur son petit smartphone. Un beau contraste de ces 2 mondes différents de la production musicale.
Une histoire incroyable et tellement inspirante.
Le prochain exemple est un bonus, car on n’est même plus dans un home studio…
8) Bonus: Tyler Ward (hors home studio)
Chanteur-compositeur américain indépendant et producteur. Il est connu pour ses reprises originales postées sur YouTube depuis 2009.
La première partie de son album “Hello lover break” s’est directement classée numéro un dans 15 pays différents sur iTunes. (source Wikipédia)
Dans cette vidéo YouTube, on le voit bloqué dans un aéroport entre deux vols.
Il a sa guitare, son ordinateur portable, son smartphone et ses écouteurs. Avec tout ça, il se place dans un coin de l’aéroport et enregistre une reprise…
…en chantant directement dans le micro de son smartphone!
Le tout est mixé avec de simples écouteurs et mis en vente ensuite sur iTunes. C’est fou cette époque non? Quand je repense à mes 1ers enregistrements “brouillon” sur cassette il y a 20 ans… (oui, je suis un ancien… et alors?)
On n’est même plus dans un Home studio. Matériel minimum, conditions clairement défavorables, et pourtant un morceau plein d’émotions et une surprenante qualité d’écoute.
Comme quoi de nos jours, la technologie n’est plus du tout un frein pour sortir de la bonne musique et la faire découvrir au monde.
Production musicale en home studio: Matériel VS Savoir-faire
OK. Je pense qu’on est d’accord, non? Maintenant, plus de doute possible sur la question du matos…
On vient de voir à travers toutes ces histoires passionnantes qu’aujourd’hui, il en faut très peu pour être en mesure de faire des musiques qui cartonnent. Et que c’est largement faisable depuis ton home studio, aussi modeste soit-il.
Mais alors qu’est-ce qui te freine si ce n’est pas le matos? Selon mon expérience, 2 choses:
1- La confiance en tes capacités
2- Le savoir-faire.
Mais tu sais ce qui est génial là-dedans? C’est qu’il suffit d’une seule chose pour que tu aies les deux à la fois. Et cette chose, c’est l’unique raison d’être de cet article:
Que tu t’y mettes. De suite.
Crée un morceau simple, à ta portée sans chercher à impressionner, sans chercher à faire trop compliqué, avec des outils simples que tu connais bien.
Tu vas alors gagner en savoir-faire, à chaque morceau fini. Et plus tu sauras faire, plus tu gagneras en confiance. Une confiance qui te donnera à son tour l’envie de refaire… pour devenir encore meilleur.
Bref, tu l’as compris. C’est un cercle vertueux.
Et pour démarrer ce cercle, il te faut faire le premier pas. C’est mon job de t’y aider.
Alors assure-toi d’avoir le matériel de base, en téléchargeant ce guide complet gratuit: le kit de démarrage en home studio.
Et laisse-moi un commentaire si cet article t’a inspiré. Car son unique but est de te donner cette étincelle de confiance, ce moment où tu te dis “OK… alors c’est possible… GO!!!”.
Alors profite maintenant de ce sur-plein d’énergie pour foncer tête baissée dans ton home studio.
Crée, apprends, deviens meilleur, gagne en confiance. Et recommence. C’est comme ça que la production musicale t’apparaîtra de plus en plus abordable. Et tu y prendras toujours plus de plaisir.
Je te le garantis.