Équaliseur: 15+1 façons d’améliorer la clarté de tes mixages avec un EQ
Aah… 2003.
Mon premier équaliseur paramétrique…
Quel affreux souvenir.
Régler graves et aigus sur ma radio me semblait déjà un choix compliqué. Alors là, le cauchemar.
Fini les belles notes, leurs chaleurs et leurs couleurs… place aux chiffres, aux courbes et aux gouttes de sueur.
La réalité froide et scientifique des Hertz.
Ça te parle? Cette bonne gifle de la technique qui te marque sur la joue: “Fini la rigolade… range ton pipeau l’artiste!”.
Je sais comme l’équalisation peut donner le vertige…
Alors pour t’aider à y voir (et entendre) plus clair dans tes mixages, voici la compilation des meilleurs conseils sur l’égalisation. Ceux que j’aurais aimé avoir sous le nez à mes débuts.
Note: equalizer = égaliseur = equaliseur = EQ . Juste plusieurs façons (anglais, français, franglais et abréviation) de parler de la même chose: ce fameux outil qui te sert à peaufiner tes pistes et tes mix.
15+1 façons de clarifier ton mixage avec un EQ
1) Quasi-réflexe
Tu peux placer un équaliseur sur presque toutes tes pistes. Les fréquences en dessous de 80Hz sont souvent du bruit de fond sans intérêt. Comme cet ampli guitare et son bourdonnement nuisible.
Nettoie le bas du spectre de tes instruments avec un filtre passe-haut . Tu laisseras de la place pour ceux qui en ont besoin, comme le kick et la basse, tout en clarifiant ton mix. (plus de détails dans cet article)
2) Tes yeux avant tes oreilles?
Alors je vais en choquer plus d’un: utilise ta vue.
99,99% du temps je te dirai d’écouter ton mix en fermant les yeux, mais parfois, certaines fréquences sont indétectables à l’oreille. Par exemple, les fréquences très graves. Elles peuvent se trouver hors radar de ton système d’écoute, et pourtant bien là… et potentiellement gênantes.
Alors utilise un spectre de fréquences pour détecter et dératiser toutes ces saloperies cachées.
3) Fend la brûme
La reverb c’est joli. Mais c’est aussi une grosse soupe épaisse qu’il faut tailler à grands coups d’EQ. (Si tu ne veux pas qu’elle s’étale et prenne autant de place dans ton mix qu’un poulpe en bikini sur la plage)
Utilise par exemple un bus auxiliaire qui contient ta reverb + une correction à l’égaliseur derrière. Tu gagneras en cohésion sur ton mix.
4) Conserve le gras
Tu as plusieurs pistes pour un même élément grave? une basse en direct input (DI) + la même prise basse avec ampli? ou un kick constitué de deux samples différents? Alors choisis qui gère les graves et qui gère les medium/aigus, puis place un EQ différent sur chaque pour séparer leurs rôles.
Cela t’évitera des problèmes de phase qui réduisent la puissance des graves.
Tu pourras ensuite les traiter différemment et avoir un son percutant et clean. Comme par exemple de la compression sur la piste grave et de la distortion sur la piste medium-aigu.
“Papa est en bas, il fait du chocolat. Maman est en haut, elle fait du gâteau : chacun son rôle”
5) Change souvent de perspective
Écoute le résultat de tes égalisations sur le maximum de supports d’écoute différents. Dans la vraie vie, peu de gens sont dans ta condition d’écoute studio privilégiée.
Donc vérifie bien tes traitements sur plusieurs systèmes différents: enceintes de monitoring, casque studio, écouteurs, enceintes cheap, etc.
Tu prendras de meilleures décisions pour tes EQ.
6) Filtre ton morceau entier
Alternative ou complément à l’astuce précédente. Écoute de temps à autre ton mix sans les graves, avec un EQ sur la piste Master. Tu feras ressortir les fréquences medium/aigues, celles écoutées par tes auditeurs sur des petits sysèmes. (smartphones, enceintes de PC, etc.)
Tu pourras ainsi mieux entendre et corriger les défauts dans ces fréquences importantes.
7) Anticipe tes EQ
Dès que tu as fini quelques projets mixés, fige-toi une session de travail avec déjà tes EQ en place sur tes pistes. Ceux que tu sais que tu vas placer de toute façon, comme des EQ de nettoyage du bas du spectre par exemple.
Tu gagneras ainsi du temps, sans devoir repartir de zéro à chaque session.
8) Règle de base
Utilise tes filtres “en cloche” avec la bande la plus large possible: ça sonne plus naturel (surtout quand tu ajoutes). Tu peux faire des bandes plus étroites quand tu enlèves des fréquences. Comme pour virer une résonance gênante sur une caisse claire par exemple.
Avec cette règle simple tu feras des traitements plus respectueux, plus « audio-responsable ».
9) Prend du recul sur ta mozaïque
Traite tes pistes en mode solo avec un égaliseur, mais vérifie le résultat en contexte du mix, toujours. Tu es le seul à pouvoir écouter chaque piste isolée. Tes auditeurs, eux, entendront ta musique entière.
Cette guitare que tu as sculpté peut sonner à merveille seule, mais si elle clashe ensuite dans le mix, tu as juste perdu ton temps.
Vérifie bien tes traitements EQ en contexte de mix, tu prendras de meilleures décisions.
10) Fais comme les pirates, cache toi… une oreille
Quand tu fais des traitements avec des égaliseurs, bascule souvent ton mix en mono. La stéréo te donne une fausse séparation des éléments. Tu peux alors passer à côté d’un souci de masquage de fréquence entre 2 pistes.
Tu auras ainsi un mix adapté aux situations d’écoute qui s’apparentent à du mono : smartphone, radio, boite de nuit lorsque tu es à côté d’une seule des enceintes, PC portable, enceintes Bluetooth, etc.
11) Privilégie le canif à la masse d’arme
Comme pour la plupart des traitements un mixage, vas y mollo. 90 % du temps tu n’auras besoin de faire que des mouvements max de 3 à 6 dB. (que tu enlèves ou ajoute des fréquences)
L’addition de mini-corrections sur tes pistes, te donnera un grand résultat final sur ton mix.
12) « Philibert, serrez-vous contre Germaine, vous sortez du cadre »
Si tu as affaire à un mix encombré, essaie de ne garder que les fréquences “clé” de chacun des éléments. Dans ce genre de mix, c’est la guerre pour la place. Comme quand tu veux faire rentrer tout le monde sur une photo de mariage.
Tu es donc obligé de faire des concessions, repérer et ne garder que les fréquences cruciales de chacun, afin que tous rentrent dans le cadre.
13) Se faire méchamment siffler
Booste les fréquences aigues avec précaution pour éviter les sifflements désagréables. Trop de brillance = nuisances. Un peu comme ces baskets neuves blanc fluo qui font mal aux yeux.
Par exemple, trop booster les aigus sur une voix va faire apparaitre les sons “s” et “f”.
Donc fait attention sur les boost des aigus, et si jamais tu n’as pas le choix utilise un De-esser (littéralement: effet qui enlève les “s”).
Ta piste sonnera alors de manière beaucoup plus agréable.
14) Sors la tête de l’eau
Valide ta correction en activant/désactivant ton EQ. Car sinon, ton avis peut vite être faussé par:
- les jolies courbes à l’écran
- ton oreille qui s’habitue aux sons que tu entends
Ta vigilance s’endort et tu laisses passer des erreurs.
Alors veille bien à rafraîchir ton écoute en comparant avec et sans traitement, tu entendras mieux l’impact de ta correction.
15) Le grand final: mastering
En mastering, de petites corrections à l’EQ sont la règle: 1–3dB grand max. Ces traitements sur la piste master impactent toutes les pistes de ton mix en même temps. C’est pourquoi tu dois y aller tout doux.
Si tu te surprends en train de faire de trop grosses corrections sur la piste Master, retourne en phase mixage et cherche à éliminer le problème sur tes pistes isolées plutôt que sur le mix entier.
Tu affineras le son de manière bien plus précise.
16) Un bon diamant n’a pas besoin d’être beaucoup taillé
Ne précipite pas la phase prise de son et sound design. Favorise toujours un excellent son de départ plutôt que de charcuter tes pistes ensuite à l’EQ.
Par exemple, quand tu enregistre une guitare acoustique, selon si tu places ton micro proche du sillet ou du manche, tu obtiendras un son complètement différent.
Alors à toi d’anticiper la sonorité que tu veux pour tes instruments dès la prise de son. Tu auras ainsi moins de traitements à faire ensuite. Moins de dénaturation. Un meilleur son.
Dompte tes égaliseurs et gagne en clarté sur tes mixages
On vient de voir 16 pistes importantes pour acquérir les bons réflexes avec un équaliseur.
Si ces techniques t’intimident encore, commence par des choses abordables. Suis par exemple l’étape 1. C’est rapide et cela rendra ton mix bien plus clair dans le bas du spectre de fréquences.
Ensuite, ton oreille va se former au fil des tentatives. Tu feras des erreurs, et peut-être que maitriser un EQ te semblera impossible au début.
Mais un jour, tu te surprendras à entendre de suite ce léger bourdonnement, ce sifflement ou ce masquage de fréquence entre deux éléments. Et tu sauras alors comment t’en occuper en dégainant ton EQ préféré.
Petit à petit, tu deviendras alors le sculpteur de ton son.
En enlevant l’excédent par petites touches pour révéler la beauté de ce qui se cache dessous.
Pour que chaque élément de ton mix prenne sa place, que chaque élément participe à la clarté de l’ensemble.
Et que ta musique se révèle enfin sous son meilleur jour.
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