Comment composer une mélodie sans passer des heures à improviser
Aujourd’hui, je suis scotché.
Comme toi, je composais des rythmes et ambiances prenantes pour mon morceau. Puis venait le temps de trouver une mélodie sympa. Et là, trou noir… rien ne sortait, rien ne me plaisait.
Un sévère frein dans mon élan, et souvent même un abandon par lassitude.
En fait, si tu as déjà été dans ce cas, tu sais à quel point c’est frustrant de bloquer sur une mélodie importante. Tu as le sentiment d’avoir crée une pièce de théatre avec un superbe décor, mais sans le personnage principal… le bide assuré.
Trouver une ligne accrocheuse, c’est aussi ton sésame vers la mémoire des gens. Tu le sais. Et c’est pour cela que tu improvises au hasard pendant des heures, même si parfois cela n’aboutit à rien de valable.
Alors tu aimerais sans doute savoir comment j’ai fait pour créer 31 mélodies intéressantes (+ leur accompagnement) en 12 jours?
Eh bien environ 1h par jour, j’ai fais le test de composer un maximum de mélodies, mais sans aucun instrument. Directement sur le séquenceur MIDI de mon logiciel MAO. (résultats audio à écouter en fin d’article)
Voici pourquoi.
Composer en improvisant sur instrument, le plus logique?
En général, je compose mes mélodies sur guitare ou clavier maitre. J’improvise, je cherche. C’est plus direct et j’ai un contact, un feeling avec la musique que je crée.
C’est très bien. Sauf que si tu es dans ce cas, sache que cela te colle aussi 2 gros handicaps:
1) Cela peut prendre du temps
Si tu n’es pas dans un jour de grande inspiration, tu peux littéralement y passer des heures à faire tourner l’accompagnement et improviser dessus pour trouver une idée sympa.
Résultat? En fin de session, tu as écoulé une bonne part de ton capital “j’aime-ma-nouvelle-création”. Car je ne sais pas pour toi, mais lorsque j’ai entendu 30 fois la même boucle, elle me plait déjà beaucoup moins…
Difficile alors d’espérer arriver au bout de ton morceau avec une motivation qui boitille dès le début.
2) Tes doigts te trahissent
Autre raison importante. Si tu es habitué à utiliser un instrument pour composer, tu as sûrement tes petites manies de jeu. Tes doigts se repèrent et bougent à l’aveugle, comme des grands. Aussi autonomes que les doigts de l’automobiliste au feu rouge qui ont trouvé tout seuls le chemin vers ses narines.
Par réflexe donc, les mêmes gammes, les mêmes plans se répètent, de manière mécanique. Tu es bridé par ce que tu sais faire sur l’instrument.
Du coup, cela a tendence à t’enfermer dans les mêmes schémas.
C’est pour cette raison que j’ai testé une méthode un peu différente de l’approche par improvisation.
Et les résultats m’ont littéralement bluffé.
Composer à la souris, un sacrilège contre-productif?
La méthode de faire directement à la souris sur MAO, au 1er abord, ça me semblait tout aussi naturel que de pétrir son pain avec des moufles. Après tout quand on est musicien, autant se servir d’un instrument et de ses 10 doigts, non?
Et puis, cette approche m’a reconnecté avec quelque chose que je pratiquais il y a 15 ans et que j’adorais: la composition sur partition. Avec un logiciel comme Noteworthy ou encore Guitar pro.
Au bout des 12 jours, j’ai changé d’opinion à 180° sur la création à la souris. Je le vois maintenant ainsi: composer sur logiciel s’apparente plus à ce que faisaient les compositeurs d’autrefois.
Ils se servaient d’une plume pour créer des partitions qui étaient ensuite interprétées par des instrumentistes.
Ici, on se sert d’une souris pour créer des séquences MIDI qui sont ensuite interprétées par des instruments virtuels. L’outil et le langage de la musique est juste différent.
Alors bien sur, les compositeurs utilisaient aussi un piano, car ils en avaient besoin pour entendre leurs idées. Nous, on peut écouter directement sur logiciel ce qu’on fait. C’est même plus pratique et plus rapide.
Voici les étapes.
Composer une mélodie à la souris: 3 étapes
Etape 1: Trouver le noyau de départ
Il faut bien partir de quelque chose. Mais ici, pas besoin d’avoir déjà toute une idée mélodique de génie en tête… zéro pression. On va partir d’un matériel sonore relativement petit et facile à trouver: le motif. Juste quelques notes qui vont bien ensemble.
Essaie de fredonner une suite de quelques notes qui seraient sympa.
Pour t’aider, si tu n’as pas d’idées en tête, tu peux d’abord partir d’un rythme intéressant à base de “takatakatak” ou de “bam baba bam bambam”. Et ensuite tu lui ajoutes des notes.
Ou pioche aussi dans tes idées enregistrées. (pour cela, tu peux lire cet article sur l’inspiration)
Ne cherche surtout pas à trouver quelque chose de compliqué. Une idée très basique de départ. Un peu comme un mot avec lequel tu vas derrière développer toute une phrase. Ou comme des bouts de poulets marinés pour confectionner de superbes brochettes. (Ça dépend à quelle heure/saison tu lis cet article)
Sur cette délicieuse mise en bouche, voici la suite du menu.
Etape 2: Développer ton mot en phrase
Écoute tes artistes préférés. Tu verras que leurs mélodies ne sont jamais très alambiquées. Et si tu y prêtes une oreille plus attentive encore, tu entendras des schémas qui se répètent dans une même phrase mélodique.
Des motifs rythmiques ou mélodiques qui sont repris sans cesse, mais à des sauces différentes.
Car on a besoin d’entendre des choses simples qui se répètent pour mieux assimiler une mélodie. Par contre si c’est trop répétitif, on s’en lasse.
Un exemple? Vivre avec un/une même partenaire: c’est rassurant, on est en terrain connu. Mais s’il/elle est tous les jours habillé pareil par exemple, c’est juste barbant et beaucoup moins attirant. (voire même un poil bizarre…)
Alors comment trouver un juste milieu?
Duplique ton noyau de base et modifie -le.
Tu auras au final une phrase mélodique qui contient des schémas répétés, mais sous un jour nouveau.
Des idées de variations? Tu peux par exemple transposer ton noyau de départ. Lui changer une seule note: hauteur ou rythme. Doubler la durée de chaque note, etc.
Et c’est là le gros avantage de composer sur séquenceur par rapport à l’improvisation: cela te permet de duppliquer et varier très vite 2, 3 paramètres de tes répétitions pour emmener du neuf.
Attention toutefois à ne pas trop varier et à toujours garder un lien de parenté et une fluidité entre les différents motifs de ta phrase mélodique.
Une fois que tu as une phrase mélodique, tu peux passer à l’étape suivante.
Etape 3: développer ta phrase en strophe
Maintenant que tu as une phrase qui se tient et qui te plaît, duplique là pour en faire toute une section, un paragraphe qui sera cohérent.
Ne la copie/colle pas juste 4 fois comme ça et puis “c’est fini, allez hop on va jouer à la playstation”. Non. Il va te falloir là aussi lui faire subir quelques variations pour éviter que ce soit trop répétitif, trop prévisible.
Quelques petites variations suffiront. N’en fait pas trop au risque de perdre l’auditeur entre les phrases.
Attention aussi à bien soigner l’aspect conclusif de ta mélodie de section complète de 8 ou 16 mesures. Il faut bien faire comprendre à l’auditeur que c’est la fin de la section et aussi pouvoir boucler avec le début de la section si tu la fait tourner en boucle.
Tu connais maintenant les grandes étapes de la méthode.
Voici à présent pourquoi je l’ai ré-intégrée dans mon workflow.
5 Avantages de composer tes mélodies à la souris
1) Une toute petite idée peut te mener à une grande mélodie
Même si tu n’as pas d’inspiration, tu peux toujours fredonner quelques airs simples, en choisir un et t’en servir de base pour tout développer derrière. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai pu créer autant de mélodies+accompagnement en si peu de temps. Je n’étais pas du tout inspiré chaque jour… looooiiiin de là.
2) Une démarche plus visuelle, à l’instar de la création sur partition
Il est plus simple de visualiser les notes importantes de ta mélodie et d’en déduire l’accompagnement approprié. Comme trouver une suite d’accords ou une basse qui va bien par exemple.
3) Une corde de plus à ton arc
Cette approche peut tout à fait se combiner avec la méthode par improvisation. Tu improvises quelques minutes en enregistrant, puis tu fais le tri. Si tu as trouvé un petit motif sympa, alors tu peux t’en servir de base et développer ensuite toute ta ligne mélodique sur séquenceur MIDI.
4) Une méthode très rapide
Je mettais entre 30 minutes et 45 minutes pour créer la mélodie de toute une section de 8 mesures, avec son accompagnement. Ça va vite. Et c’est un énorme avantage.
Plus tu vas vite, plus tu peux en créer. Et plus tu auras le choix pour sélectionner la mélodie au plus gros potentiel qui méritera d’être développée en tout un morceau (ce que disait Max martin dans cet article).
Autre avantage d’aller vite: tu te lasses moins. Tu finis tes morceaux. Tu gardes la tête haute et les yeux brillants.
5) Tu es acteur et spectateur de ta composition en même temps
C’est un peu comme un voyage non-planifié. Tu pars vers une ville inconnue sans réfléchir. Une fois que tu es arrivé à destination, tu détermines ta prochaine étape, et ainsi de suite. De telle sorte que tu ne sais jamais où tu vas atterrir à la fin.
Tu es le spectateur de ta création au fur et à mesure qu’elle se déroule devant tes oreilles. Et cela t’ouvre de grands moments d’émerveillements et de surprise.
C’est ce qui m’est arrivé. J’ai crée des styles très variés, dont certains m’étaient tout à fait inconnus. Totale découverte:
Rem: J’ai choisi de tout composer avec un son de piano. Pour m’en servir d’une sorte de crayon papier pour la composition. Je mettrais en couleur ensuite en choisissant avec soin les bonnes sonorités. L’idée? Si ça groove et sonne déjà bien juste au piano, alors ça ne peut qu’être mieux avec l’orchestration finale.
Voilà.
Une expérience passionnante que je te conseille d’expérimenter à ton tour.
Tu sais maintenant comment composer une mélodie, sans galérer pendant des heures
Si toi aussi tu composais tes mélodies à partir d’improvisation, on vient de voir aujourd’hui comment t’approprier un nouvel outil pour savoir composer une mélodie vite et bien directement sur MAO.
Une méthode qui peut te mener comme moi vers des compositions originales. Parce que tu vas partir d’une toute petite matière sonore et tu vas te laisser guider par le développement de cette idée.
À la fin de cette exploration sans destination, tu verras que ce qui en ressort pourras très souvent te surprendre, toi qui pourtant en est le créateur. Et c’est bien cela que j’ai apprécié le plus.
Une aventure remplie de surprise que je te souhaite d’explorer toi-même, dès aujourd’hui.
Ouvre ton logiciel MAO, crée une piste MIDI, fredonne un motif sympa et rentre-le sur ton séquenceur.
Le reste se construira au fil des répétitions et des variations de ce motif originel. De cette cellule qui se multipliera pour créer ces lignes mélodiques fortes.
… qui à leur tour deviendront la base en béton armé de ton prochain opus.
A ta souris. Clic!
Si cet article t’a plu ou que tu as une remarque, une expérience à ajouter, laisse-moi un commentaire. Ça aidera toute la communauté de musiciens de passage ici 😉