Lettre ouverte aux home studistes dégoutés du mixage audio
Je peux te dire toute la vérité, rien que la vérité ? Même si ça fait mal ?
Je t’assure que je ne le fais pas pour te faire souffrir.
Mais il y a des choses que tu dois savoir.
Cela ne concerne pas des histoires de compression. Ni d’équalisation.
C’est bien plus grave.
C’est à propos de ces 2 idées empoisonnées qui endorment ton esprit.
D’un côté, “le son pro accessible d’un simple coup de carte bleue”: avec du matos ou des plugins de pro.
Si tu déjà acheté ce rêve, tu t’es vite rendu compte que l’équipement ne fait pas tout.
Et le réveil est aussi amer qu’un lendemain de cuite où t’as payé malgré toi plusieurs tournées générales.
Moral lourd. Poches légères.
De l’autre, tu as les conseils des ingé son.
De nombreux conseils, complexes, dans toutes les directions… une lourde tempête d’infos qui te fait tanguer jusqu’à la nausée.
Résultat?
Toute cette histoire de mixage audio… ça te semble aussi simple à piger que la théorie de la relativité pour un hamster.
Et ce fameux « Son pro » que tu convoites comme un Graal s’éloigne toujours plus à mesure que tu te débats pour l’attraper.
Arrrg…
Mais attends.
Et si ce n’était qu’une image distordue de la réalité?
Et si, en fait, il ne fallait que peu de matériel pour améliorer ta qualité sonore?
Ou qu’avec quelques précautions, ce cauchemar de mixage audio pouvait se réduire à une simple étape de fignolages de quelques heures?
Encore un rêve?
Ce sera à toi de tester et de juger…
Car c’est ce que j’ai décidé de te montrer aujourd’hui:
–> 7 étapes abordables pour améliorer la qualité sonore de tes musiques
Pourquoi tu devrais faire attention à ton complexe du “son pro”
Ça m’est arrivé trop souvent aussi.
Tu finis ton morceau, et puis tu l’écoutes, tout content, sur tes enceintes hi-fi, ton casque préféré, dans ta voiture, etc.
Jusque là, à part peut-être quelques ajustements à faire, tu trouves ton son plutôt pas mal.
Le problème?
C’est quand tu le passes dans une playlist avec d’autres monuments de la musique, d’autres morceaux pro.
A côté, ton son devient aussi fade qu’une pizza éventée depuis 5 jours.
Après tous tes efforts… C’est la douche froide.
Et les conséquences sont néfastes:
1) Tu ne finis pas la plupart de tes morceaux. Mieux vaut le finir plus tard (jamais) plutôt que de pleurer encore devant un morceau qui sonne mal.
2) Tu hésites à partager tes productions. Et te coupe ainsi d’avis qui pourraient te faire progresser.
3) Tu te perds en recherche de matos, plugins et tutos mixage . Au lieu de faire ce qui te plait: créer des musiques.
Pourquoi ça sonne amateur? Parce que tu ne sais pas encore faire.
Pourquoi ça te tourmente tant? Ah… la voilà…
La vraie source du problème.
La distorsion stridente qui te rend fou et nourrit ta frustration.
Ce que personne n’ose te dire sur la qualité sonore
Car la vérité est brutale, mais je dois te la dire:
–> Obtenir une bonne qualité sonore va te demander du temps. Beaucoup de temps et de travail.
Désolé.
Il y a quelque part dans notre inconscient collectif une croyance comme quoi il est facile de faire un tube en 5mn, avec 4 accords magiques et 3 plugins de pro.
Et même si on n’y croit pas vraiment, c’est une idée qui nous fait secrètement rêver.
Alors il fallait que je casse cette illusion, pour 3 raisons.
1) Parce qu’elle te donne l’impression que tu pourras avoir une bonne qualité sonore du jour au lendemain.
Et c’est là la source de ta frustration.
Parce que tu vois certains YouTubeurs faire un tube qui déchire en 5 minutes alors que toi, tu t’en fais suer les oreilles pendant des heures pour un résultat juste bof.
(Ces gars savent faire. Ils ont juste bossé dur avant d’en arriver là)
2) Parce qu’elle te fait tomber dans les pièges du marketing
Ceux qui te vendent de la qualité sonore en un claquement de doigts (ou de carte bleue). Et dont les pertes collatérales se comptent sur plusieurs niveaux: Temps. Argent. Moral.
3) Parce qu’autour de cette idée, gravite cette autre fausse croyance: “Qualité sonore = mixage”.
Le mixage ne résout pas tout.
En photo aussi, il y a de la post-production avec Photoshop. Est-ce qu’un bon photographe, c’est quelqu’un qui maitrise Photoshop à fond?
Il en va de même en musique: maitriser le mixage est un atout, mais ce n’est pas un gage de bonne qualité sonore.
BIEN.
La bonne nouvelle ?
Comme je te l’ai dit, la première étape à travailler dans ta pratique pour obtenir un meilleur son est bien plus abordable pour tout home studiste que le matos pro ou les techniques de mixage audio.
Il s’agit plutôt de mettre à profit un avantage que tu as sur les professionnels du mix:
–> le contrôle de ta production sur toutes les étapes du process.
C’est ce que nous allons voir en détail maintenant.
Le bon état d’esprit en Home studio pour une qualité sonore optimale
Compose, enregistre et arrange comme si tu partageais ta musique sans étape finale de mixage.
Cela va te pousser à faire plein de petits ajustements en cours de route.
Ainsi, le terrible rodéo tant redouté du mixage final te semblera devenir une gentille petite promenade de santé en poney.
Moins de prise de tête… mais aussi moins de dénaturation du son. Car plus tu tritures ton son avec des effets, et plus tu perds en qualité sonore.
Une excellente manière de travailler en home studio.
Rem: le but ici n’est pas de se passer totalement du mixage, mais plutôt de ne le considérer que comme une étape de retouches finales (idem Photoshop pour la photo).
Voici comment faire, en 7 étapes simples.
1) Maîtrise tes outils les yeux fermés
Choisis le MINIMUM d’outils et apprends à les connaitre par coeur.
–> Ordinateur + DAW + casque (et/ou enceintes)+ clavier maître pour un Beatmaker. Une interface audio en plus pour un instrumentiste. Un micro statique en plus pour un chanteur ou guitariste acoustique. Etc.
Ajuste ta configuration au strict nécessaire selon tes besoins. (sers-toi de ce guide en téléchargement libre)
Pourquoi c’est un point critique?
Te limiter à peu de matériel te permettra d’abord de maîtriser tes outils à fond.
Mais ça t’aidera aussi à te débarrasser de ce lourd boulet de “l’achat compulsif de matos”. Tu obtiendras plus de temps et de confiance pour créer plein de musiques, progresser et améliorer ton son.
Attention: ne prétexte pas cette étape pour passer des plombes à choisir le bon matériel…
Etabli une liste d’outils minimum, fixe toi un budget et équipe-toi en fonction.
Pour les débutants qui ont un budget limité, Focusrite fait de bons packs. Très bien pour démarrer.
Par exemple, tu obtiendras de meilleurs résultats avec un seul micro que tu maitrises à la perfection plutôt que 5 micros qui prennent la poussière, te ralentissent (dilemme du choix) et avec lesquels tu es maladroit.
Arsenal minimum. Confiance maximum.
Voilà les bases de ton home studio.
Occupons nous maintenant de celles de tes morceaux.
2) Soigne la fondation de tes musiques
La batterie, c’est le socle qui soutient l’ensemble.
Si ta batterie sonne mal, maladroite ou trop répétitive, alors ton morceau entier tiendra sur des béquilles.
Une des solutions les plus simple en home studio?
Utiliser des boucles de batteries enregistrées par des batteurs professionnels et y apporter des variations en copiant-collant certains éléments.
Extrait sonore du beat non retouché
Variation 1
Variation 2
Cette méthode t’apportera 2 gros avantages:
- le feeling humain d’un vrai batteur
- la propreté d’enregistrement d’un Studio professionnel
Rem: pour des raisons de prise de son difficile, d’environnement loin d’être idéal et d’entente cordiale avec tes voisins, je ne te recommande pas d’enregistrer ta propre batterie dans ton home studio
Attention : si à une époque on pouvait plus au moins se servir de samples de morceaux existants (ex: ceux de James Brown – samplé des milliers de fois), aujourd’hui, Il vaut mieux se tourner vers les sites de téléchargement de samples gratuits et libres de droits.
La prochaine étape devrait te plaire :
Un basique qui te fera gagner un temps fou au mixage.
3) Chaque chose à sa place
A l’étape de la composition, place le plus souvent possible chaque instrument sur sa propre octave.
Imaginons que tu aies un duo guitare-voix à enregistrer.
Il sera alors préférable de composer la guitare sur un autre registre de fréquences que la voix. Une octave ou deux plus basse ou plus haute.
Pourquoi c’est vital ?
C’est de loin la meilleure astuce pour t’éviter des heures de fumage de cerveau avec les Equaliseurs au moment du mixage final.
Tes différents éléments seront plus distincts dans le mix. Mieux encore, ils conserveront leurs qualités sonore.
Attention, l’idée n’est pas de brider les éléments a ne jouer que les notes d’une seule octave, mais plutôt de bien répartir chacun dans une zone du spectre des fréquences.
Exemple de 2 instruments qui jouent sur la même octave, puis ces mêmes instruments jouant sur 2 octaves différents :
Bien.
Voyons à présent comment passer tes prises de son au Kärcher à moindre frais.
4) Des prises de son blanchies à la javel
Débarrasse-toi des parasites et autres bruits de fond sur tes enregistrements en utilisant un effet de noise gate (ou un expandeur).
La machine à laver de la voisine, le ronflement du ventilateur de ton ordinateur… tous ces bruits peuvent être supprimés grâce à l’utilisation du noise gate. Son rôle est simple: supprimer le son en dessous d’un certain seuil, donc le bruit de fond.
Rem: cet effet, grand ami tu home studiste, est souvent présent de base dans les logiciels séquenceurs
Il y aura alors une plus grande différence entre les passages de silence et de musique. Ton son d’ensemble semblera plus propre.
Attention, si tu enregistres ton chant en même temps de jouer de la guitare par exemple, il y a de fortes chances pour que le son de ta guitare soit aussi capturé sur ta prise chant. (phénomène joliment appelé “repisse”)
Un noise gate pourra t’aider, mais ce ne sera peut-être pas suffisant.
–> Alors quand c’est possible: préfère enregistrer bien séparément chaque instrument.
En exemple, voici ma guitare enregistrée sans Gate (j’avais enregistré avec un casque ouvert… un bel exemple de repisse de la batterie déjà enregistrée):
Et voici cette même guitare avec effet Gate, plus propre, plus incisif :
Allez.
Continuons sur notre lancée du grand nettoyage.
5) Fais le vide: agrandi l’espace à grands coups de masse
Je sais comment ça se passe.
Tu veux que ça sonne gros. Magnifique. Alors tu empile les pistes.
Et tu alourdis l’ensemble.
Stop.
Une fois l’arrangement terminé, réécoute ton morceau section par section et supprime les pistes qui n’apportent pas grand-chose, celles qui ne font qu’ajouter de la confusion.
Rem: Ça fait mal de jeter tes créations? Sauvegarde-les dans ta bibliothèque, elles te serviront pour d’autres morceaux.
Alors, je sais, c’est tentant… mais ne zappe pas ce conseil.
À l’étape de l’arrangement, ton travail est d’obtenir un ensemble cohérent. Il ne faut pas garder tes prises juste parce qu’elles sont tes bébés. Si elles encombrent, agi de sang-froid: BANG.
Le résultat de ce sacrifice?
Ton morceau sonnera bien plus clair. Plus aéré.
Voyons maintenant comment doper les pistes survivantes.
6) Renforce tes pistes rachitiques à grandes doses de créatine
Qu’il s’agisse d’une mélodie ou d’une suite d’accord, parfois le son d’un instrument ne nous paraît pas assez fourni, pas assez puissant.
Le plus simple?
Doubler ta prise : enregistrer la même prise mais avec un instrument qui a une sonorité différente pour compléter et épaissir le son d’origine.
Cela marche avec tout : batterie, basse, accords, mélodie principale et voix bien sûr.
Tu obtiendra ainsi des sonorités riches pour certains éléments faiblards de ton morceau.
Veille bien à jouer strictement la même partie que l’instrument que tu veux doubler. Il n’y a que la sonorité qui doit changer. Essaie d’être le plus précis et fidèle possible dans ton jeu.
Exemple de lead seul, puis lead doublé d’une guitare électrique :
Et la dernière étape?
Un atterrissage en douceur.
7) Lâche prise: Laisse tomber l’idée de faire un tube
- Inspire-toi des autres.
- Trouve une idée.
- Développe-la en un morceau entier.
- Fini-le.
- Recommence.
Et lorsque tu en auras crée suffisamment: tri et partage tes meilleures oeuvres.
Vois ton apprentissage de la production musicale comme si tu étais un dessinateur qui s’améliorait, croquis après croquis. Juste pour le plaisir de pratiquer. Sans cette idée oppressante de devoir créer une œuvre d’art à chaque fois.
Pourquoi c’est important de finir sans faire une fixation sur la perfection?
- Car c’est justement quand tu lâches prise sur le résultat que tu crées tes meilleures œuvres.
- Car chaque musique que tu créeras t’apprendra quelque chose, même si elle finit au oubliettes.
- Car l’important c’est de créer souvent, pour progresser, et non de fignoler tes premiers essais pendant des années.
Ne tombe pas dans le piège de vouloir faire un tube à chaque morceau.
Fais du mieux que tu peux.
Améliore-toi.
Sans pression.
Et prends du plaisir à apprendre de chaque nouvelle musique.
Ce que tu dois faire aujourd’hui
Tu en étais peut-être à douter de ta capacité à créer des musiques avec un bon niveau de finition?
Tu te disais peut-être que ton rêve, ton projet musical, était en train de te glisser sous les doigts?
Car atteindre une bonne qualité sonore était juste impensable, inaccessible…
Un bon son était synonyme dans ton esprit de haute technicité, d’ingénierie sonore, et de matériel à plusieurs milliers d’euros.
Aujourd’hui, la réalité est toute autre.
Aujourd’hui, tu peux créer une musique très bien finie avec des moyens modestes.
Aujourd’hui, tu viens d’apprendre des techniques bien plus abordables que le matos de pro ou les techniques de mixage pour améliorer ton son.
Et ça change la donne.
Parce qu’enfin tu vas pouvoir avoir des résultats significatifs sans te ruiner, ni t’arracher les cheveux.
Parce que bientôt, tu répondras OUI avec assurance à cette question : « Ah tu es musicien, tu as quelque chose a me faire écouter ? ».
Parce que ton projet avancera, tout simplement. Et qu’au-delà de la fierté de faire écouter tes musiques, la partie créatrice en toi, ton être, ton âme, grondera de nitroglycérine et te propulsera encore plus vers l’avant à chaque morceau que tu sortiras .
Alors lance-toi.
Aujourd’hui.
Oublie ces foutaises des vendeurs de rêve du « son pro ».
Oublie aussi ton complexe du son parfait.
Il ne le sera pas, en tout cas au début, je suis navré…
Je te le répète:
–> C’est seulement musique après musique que tu amélioreras ta qualité sonore.
Un peu de théorie… BEAUCOUP de pratique.
Je t’ai donné ici les pistes à explorer.
À toi de passer à l’action.
Maintenant.
Commence une nouvelle musique ou reprend un projet en pause dès aujourd’hui et promet-toi d’aller au bout.
Ne cherche pas la perfection.
Ton but est juste de faire mieux que d’habitude. Et ce sera déjà un grand pas.
Un pas que tu répèteras, musique-après-musique, jusqu’à te rapprocher du son parfait que tu recherches.
Suis les conseils de cet article. Il t’offre des bases solides et est un bon complément au guide du mixage en 5 étapes pour donner un grand coup d’accélérateur à la qualité sonore de tes musiques.
Il va te falloir bosser dur, mais la récompense est inestimable pour ton âme de musicien.
Tu as tout pour y arriver.
Ne reste plus qu’à oser te lancer.
Aujourd’hui
…?
Laisse nous tes impressions dans les commentaires en dessous et partage nous ce que tu vas faire. Ça motivera peut-être d’autres à en faire autant.