Théorie musicale: 7 astuces pour mieux composer sa musique (sans solfège)
OK, tu le sais bien: il est plus facile de composer quand on connait la théorie musicale.
Le problème c’est que toi, les dièses, bémols, majeurs, mineurs, tout ça… t’y comprends pas grand chose.
Tu as beau être un mordu de musique, tout ce jargon académique te donne l’impression que tu apprendrais plus vite à parler le chinois en verlan.
Tu sais parler la musique, mais le souci, c’est que tu ne sais pas la lire.
Et ça te ferme des portes pour aller plus loin. Un peu comme un archéologue qui n’arriverait pas à déchiffrer des parchemins d’anciennes sagesses.
Alors c’est souvent la galère pour construire la moindre mélodie ou suite d’accords. Avec toujours cette impression de tourner un peu en rond, de tâtonner dans le brouillard…
Je peux t’aider à y voir plus clair.
Aujourd’hui, je te propose de déterrer ensemble 7 mécanismes hérités de nos ancêtre compositeurs.
Je te les dépouille et te montre comment ils fonctionnent, sans solfège. Mais avec des exemples illustrés sur logiciel MAO.
–> Pour que tu puisses les appliquer de suite, sans besoin d’avoir ton diplôme du conservatoire.
Voici donc 7 basiques à connaître pour être plus à l’aise en composition.
1) Gamme : les 2 stars de l’ouest
Tu as le choix entre 12 notes.
Les notes blanches et noires du piano. (Elles se répètent en octaves sur le clavier)
Si tu décides de construire une mélodie en choisissant au hasard une de ces 12 notes, ce sera très difficile: trop de choix, pas assez de logique entre ces notes.
C’est pourquoi il est vital de choisir MOINS de notes. Et surtout, des notes qui vont bien ensemble: c’est là tout le rôle des gammes.
En Occident, 2 gammes sortent du lot:
- la gamme majeure, qui sonne plutôt “gaie, ouverte, lumineuse”
- la gamme mineure, plus “sombre, triste, mélancolique”
Pour débuter, si tu ne veux pas t’embêter, choisis la gamme de Do si tu veux utiliser une gamme majeure. Car il s’agit uniquement des notes blanches du piano en partant de la note Do. (la note “C” en anglais sur le “piano roll” de ton logiciel MAO)
Et si tu veux composer en mineur et que tu veux aller au plus simple, tu choisirais la gamme de La (“A” en anglais). Également les notes blanches du piano, mais en partant de la note de référence La.
Ce sont les gammes les plus couramment utilisées comme tonalité de morceaux selon une enquête du blog Hook theory.
OK tu as ta gamme. La question logique qui vient ensuite est…
2) Quels accords utiliser pour ton morceau?
Les triades.
Ce sont des accords de trois notes, simples et utilisés à outrance en occident. La base. Le “steak-patate” des accords…
Pour les créer, voici comment faire:
- tu as choisi une gamme de 7 notes (voir chapitre précédent)
- pour chacune d’elles, empile 2 autres notes en sautant 1 note à chaque fois.
Mmm… Pas bien clair tout ça?
Voici un exemple pour mieux comprendre: sur la note Do, tu empiles le Mi et le Sol. (tu sautes le Ré et le Fa) Et tu obtiens l’accord de Do.
Rem: Dans une triade, la note la plus grave s’appelle fondamentale, celle au-dessus s’appelle la tierce et celle encore dessus s’appelle la quinte. (je te dis ça au cas où tu voudrais basculer doucement vers le côté “geek” du solfège)
Tu peux donc créer comme ça 7 triades à partir des 7 notes de ta gamme. Ce seront les 7 accords à utiliser pour créer ton morceau.
Ils marcheront bien avec ta gamme et donc tes mélodies.
Bingo.
Mais ce n’est pas tout. Tu peux encore faire de merveilleuses choses avec ces fameux accords.
3) Mettre les accords sens dessus-dessous
Tu peux jouer les accords dans plusieurs “sens”, sans que cela n’affecte leurs impacts émotionnels, leurs couleurs propres. On appelle ça “renverser un accord”. Comme quand tu renverses la Ginette en lui faisant danser le Tango. Olé!
Pour une triade, 3 configurations sont possibles. La position de base + 2 renversements :
Il te suffit donc de monter ou de baisser d’une octave certaines notes de l’accord pour obtenir ces renversements.
Pourquoi c’est important?
Ça te permet d’éviter de trop grands écarts de notes entre les accords de ta suite. Plus agréable à écouter, mais aussi plus simples à jouer, notamment au piano.
Dans l’exemple ci-dessous il suffit de baisser d’une octave la note Ré de l’accord de Sol majeur pour obtenir des lignes mélodiques moins cassées.
La note Do du premier accord montera alors sur la note Ré et non sur la note Sol. L’écart, le saut mélodique est beaucoup moins grand. Pareil pour les autres notes.
Voici les exemples audio avec le second accord normal, puis renversé.
Ça sonne davantage naturel non?
Allez, on passe à l’astuce du faignant malin de cette liste.
4) Une astuce pour n’utiliser que les notes de la gamme sur ton logiciel MAO
Si tu as du mal à te repérer sur le piano roll et à ne viser que les notes de ta tonalité pour construire tes mélodies et accords, alors cette astuce devrait te plaire. (piano roll = le piano vertical qui te sert de repère pour rentrer tes notes MIDI dans ton logiciel MAO)
Le principe: dégager les notes hors-tonalité et ne garder que l’essentiel. Plus simple à l’oeil. Plus rapide pour créer tes sons.
La plupart des logiciels Mao ont une fonction de réduction du piano roll. Sur Ableton Live, il s’agit du bouton “Fold”. Voici comment faire:
- crée les 7 notes de ta tonalité sur ton piano roll (sur 1 ou plusieurs octaves)
- réduit le piano roll (bouton Fold)
- Efface les 7 notes
Tu n’auras ainsi que les notes de ta tonalité qui apparaitront sur ton piano roll.
Le chemin est tracé, tu n’as plus qu’à remplir les cases pour construire tes mélodies et accords.
Bien. On va maintenant prendre un peu d’envol en découvrant d’autres types d’accords.
5) Un accord perché
Tu as peut être vu sur les grilles d’accord des notations telle que Fsus4 ou Csus4?
Et tu t’es peut-être demandé ce que voulait dire “sus”… Eh bien, il s’agit d’un accord dit « Suspendu ».
Sûrement parce qu’il sonne très ouvert, et qu’il manque un peu de stabilité. Il crée une légère tension qui demande d’enchainer derrière avec un autre accord pour la résoudre.
On a vu qu’une triade, c’était un empilement de 3 notes:
- Une fondamentale
- Une tierce
- Une quinte
Ici, pour l’accord “sus4”, la note du milieu (tierce) est jouée une note plus haut. (et devient alors une “quarte”. Mais oui, tu te régales geek du solfège que tu es…)
Exemple d’accord suspendu avec l’accord de do, Csus4:
Voilà. Une couleur supplémentaire d’accord dans ton arsenal de compositeur.
Mais attention, ce n’est pas tout. Et en voilà un autre qu’il va te falloir marquer à l’indélibile sur ton avant-bras ou ton front même tellement il est vital en occident.
6) Renforcer l’impact de l’accord de conclusion
L’accord qui emmène le mieux la conclusion d’une suite, c’est l’accord dit de “dominante”.
Qui c’est celui-là?
C’est celui qui a pour fondamentale la cinquième note de la gamme.
Par exemple: l’accord de Sol dans la gamme de Do majeur. Donc, si on veut conclure une suite d’accords, on fera l’accord de Sol, suivi de l’accord de Do: G –> C.
L’accord de dominante sert à provoquer une tension, et l’accord de la tonalité à résoudre cette tension. Cela provoque un sentiment de conclusion, de fin de boucle. (on appelle cet enchainement conclusif une “cadence parfaite” si tu veux tout savoir)
Alors ça marche très bien comme ça, mais on peut faire encore mieux. Pour renforcer ce sentiment de conclusion, on peut booster la tension de l’accord de dominante.
Il suffit de lui ajouter une note qu’on appelle la “septième”.
On empile cette note au-dessus de sa quinte, comme on avait fait précédemment, en sautant une note. (l’accord G se notera alors G7)
Tu as peut-être déjà dû le rencontrer sur des grilles d’accords cet accord de septième. Tu sauras maintenant quel rôle il joue.
Dernière astuce. Du sound design en composition.
7) Ajouter de la richesse à un son avec la théorie musicale
Pour ajouter de la texture à un son, double ses notes à l’octave.
C’est comme dans les orchestres : L’alto, les premiers, deuxièmes et troisièmes violons qui jouent par moments les mêmes parties, mais sur des octaves différents.
C’est une très bonne manière d’épaissir le son, de lui ajouter de la richesse dans son timbre.
Et tu sais ce qui est mieux encore?
Doubler à l’octave avec des instruments différents. Car leurs fréquences vont se compléter pour donner plus de complexité, plus de richesse au son final.
Par exemple doubler une guitare lead avec un synthétiseur. Ou un piano avec un xylophone, etc.
Les combinaisons sont infinies et permettent de découvrir de nouvelles sonorités. Alors ne t’en prive surtout pas.
Un premier pas dans la théorie de la musique pour élargir ta palette de compositeur
Tu étais un peu coupé de ce savoir de la théorie musicale qui te rebutait par son jargon. Et ça t’empêchait de comprendre les rouages de certains mécanismes très utilisés par les compositeurs.
On vient de voir ensemble 7 outils issus de la théorie musicale qui te seront d’une aide précieuse pour transformer ta manière de créer.
Le petit plus dans tout ça? C’est que non seulement tu vas devenir un meilleur compositeur, mais en plus, cela va peut-être t’inspirer de nouveaux morceaux.
A chaque fois que j’apprenais un nouveau concept de théorie musicale, je le testais et ça m’ouvrait d’autres horizons vers de nouvelles compositions. Alors j’espère qu’il en sera de même pour toi.
Teste 1 ou 2 de ces astuces. Celles qui te parlent le plus. Tu verras que tu les mettras en application de la manière la plus ludique qui soit: en créant. Et de fil en aiguille, cela pourra te mener à dérouler tout un morceau. Et à y prendre du plaisir.
A toi maintenant.
Dis-nous en commentaire quelle astuce tu as décidé de tester en premier sur ta prochaine composition. Ça motivera les autres à en faire autant et à se lancer eux aussi.
Bonnes découvertes, bonnes compositions 🙂