Max Martin: 11 secrets enfin révélés pour composer et écrire une chanson à succès
Tu aimerais faire des musiques qui cartonnent? Pour ton plaisir ou de manière plus professionnelle?
Composer et écrire une chanson…
Cette magie incroyable d’assembler des bouts de sons pour en faire de véritables boites à émotions.
Des fragrances musicales que tes auditeurs pourront ensuite laisser échapper et revivre à loisir.
Oui, mais voilà.
Les standards que tu entends à la radio sonnent bien.
Les tiens non.
Et tes auditeurs ne semblent pas non plus avoir l’envie irresistible de rappuyer sur play à la fin de chaque morceau.
Ils gigotent même sur place quand tu le leur fait écouter pour la 1ère fois. À 2 doigts de se jeter sur leurs portable, voir les dernières notifications à scandale des fesses de Kim Kardashian.
Après tout ce temps passé à lustrer tes sons comme une boule de bowling… on est bien loin du “strike”.
Créer un tube te semble alors un véritable tour de force.
Un don de capacité surhumaine.
Et c’est vrai.
On voit souvent des groupes ou artistes, pourtant talentueux, écrire une chanson à succès… et puis tomber dans l’oubli le plus total l’année d’après.
Dur.
Et pourtant, il existe un producteur suédois exceptionnel, peu connu du grand public, et qui est à l’origine des plus grands tubes Pop de ces dernières décennies.
J’ai nommé….
Monsieur Max Martin, bien sûr.
(c’est écrit dans le titre)
Qui est Max Martin?
Il est celui qui se cache derrière des chansons de stars comme: Britney Spears, Kattie Perry, Pink, Adele, Taylor Swift, Timberlake, The Weeknd, etc. La liste est bien trop longue… (Voir le lien wikipedia).
Il a hissé plus d’une vingtaine de ses chansons en #1 au classement “Billboard Hot 100”.
(top 100 des meilleures chanson aux USA).
Un tableau de chasse impressionnant qui le place juste derrière John Lennon et Paul McCartney.
Rem: Pour bien te rendre compte de la difficulté d’être à la première place du Top 100, la dernière chanson que Sir McCartney à réussi à classer N°1 date de 1983…
Alors comment fait Max pour aligner tubes sur tubes et rester au top depuis tant d’années?
Beaucoup se sont posés la question. Peu ont trouvé de réponses. Car ce talentueux producteur restait tapi dans l’ombre, loin des caméras et autres micros des interviewers.
Mais…
Vers la fin 2017, à la surprise générale, Max Martin acceptait enfin de donner une interview après des décennies de refus.
La voici en vidéo (active les sous-titres pour mieux comprendre l’anglais):
C’est donc après analyse de ce rare entretien et de recherches plus approfondies sur ce sympathique bonhomme, que je suis fier de te présenter ce précieux recueil d’astuces.
Voici enfin les 11 secrets du boss de la Pop à saupoudrer sans retenue dans tes propres productions Home studio.
Rem: Ces astuces sont loin de ne concerner que la Pop. Et crois moi, il y a du bon à prendre dedans, peu importe ton style de musique.
1) Une mélodie coup de poing
“Il est très important d’avoir une bonne mélodie. Si tu en as une, construis ton morceau autour de ça. Ne cherche pas à faire trop compliqué.
Un de ses disciples, Kotecha, parle de l’influence de Martin :
«Nous travaillons la mélodie en premier. C’est l’école Max Martin. Nous passions des jours, parfois des semaines a venir à bout d’une mélodie. Le but est de faire en sorte qu’elle sonne comme si tout le monde pouvait la faire, mais un réalité c’est très difficile.”
L’avantage majeur de cette approche?
Tu concentres tes premiers efforts sur l’élément le plus important:
La mélodie.
C’est elle que l’on retiendra et qui nous donnera envie de réécouter ton morceau.
Tant que tu n’as pas une ligne mélodique à la fois simple et virale, tu ne vas pas plus loin. Tu évites ainsi de perdre du temps à tout composer, enregistrer et mixer pour un résultat bof.
Les musiques que tu choisiras de développer ensuite en entier auront cette puissante attraction: une mélodie qui harponnera l’oreille de tes auditeurs et marquera leur esprit au fer rouge.
Play. Play. Play.
2) Une astuce pour familiariser de suite l’auditeur avec ton morceau
“Une autre théorie est de chanter la mélodie du refrain pour un couplet.
Par exemple : I Wanna Be Your Lover de Prince. Le couplet et le refrain de la chanson sont exactement pareils. Mais en tant qu’auditeur tu ne le remarques pas, car l’énergie du refrain est complètement différente de celle du couplet. Dès que le refrain arrive, tu as une impression de déjà-entendu. Et c’est vrai ! Tu l’as entendu dans le couplet. Cela crée automatiquement un effet de familiarité. Prince le fait beaucoup. Pour Let’s go Crazy, c’est pareil.
J’ai moi-même utilisé cette astuce de temps en temps. Dans Do You Know (What It Takes) LYSSNA de Robyn par exemple.”
On cherche souvent à créer un lien qui unit toutes nos différentes idées pour un morceau.
Tu sais bien… pour ne pas se retrouver avec l’effet “patchwork” de trucs qu’on aime bien, mais qui s’accordent aussi bien ensemble que ton pantalon à pince bordeaux et tes tongues jaune fluo.
Ici, le fil conducteur est évident. Il s’agit de la même mélodie, mise dans des contextes différents pour un couplet et un refrain.
Ecoute: “Do you know what it takes” – Robyn.
Ou encore: “E.T” – Katy Perry.
2 morceaux produits et co-écrits par Max Martin.
Verdict?
Limpide et efficace, sans jamais apparaître trop répétitif.
Une astuce à essayer sur une prochaine compo pour rendre ta mélodie familière et inoubliable dans l’esprit de tes auditeurs.
3) L’importance du choix des syllabes
Un de ses collaborateurs de composition, Bonnie McKee, dit qu’il est hyper pointu sur la manière dont les syllabes servent une mélodie.
“C’est très mathématique. Un vers doit avoir un certain nombre de syllabes, et le prochain doit être son image miroir… si tu ajoutes une syllabe, ou que tu en enlèves une, cela devient une mélodie complètement différente pour Max. Je peux écrire quelque chose que je crois très intelligent, mais si ça ne sonne pas de la bonne manière, alors Max ne l’aimera pas.”
Max utilise un nombre de syllabes qui se répètent de manière très structurée.
Exemple du nombre de syllabes sur “California Gurls” – Katy Perry:
California girls (5) We’re unforgettable (6) Daisy dukes, bikinis on top (8) Sun-kissed skin, so hot (5) We’ll melt your popsicle (6) Ooh oh ooh… (12) California girls (5) We’re undeniable (6) Fine, fresh, fierce, we got it on lock (8) West coast represent (5) Now put your hands up (5) Ooh oh ooh… (12) Nombre de syllabes du paragraphe 1 - 5 6 8 <–A B C Nombre de syllabes du paragraphe 2 - 5 6 12 <–A B D Nombre de syllabes du paragraphe 3 - 5 6 8 <–A B C Nombre de syllabes du paragraphe 4 - 5 5 12 <–A B’ D
Bien carré.
Efficace comme un direct en pleine face.
Arme-toi d’une calculette à syllabes, d’un bon dictionnaire de synonymes et impose de l’ordre et du rythme à tes textes lors de ta prochaine session d’écriture.
Afin que tes paroles sonnent de la manière la plus musicale possible.
4) Accrocher l’auditeur dès le départ
Max cite son mentor, Denniz Pop:
« ‘On doit pouvoir reconnaître la chanson dès la première seconde.’
Cette manière de penser lui vient du temps où il était DJ. Si tu veux garder les gens sur la piste de danse quand tu changes de chanson, tu ne dois jamais les laisser douter. On doit être capable d’entendre instantanément ce qui va venir ensuite. »
Si tu as laissé trainé tes oreilles dans les années 90, alors ces 2 secondes de musique devraient suffire à te rappeler un morceau connu de l’époque:
Tu as deviné?
Baby one more time.
Et tu as peut-être même l’image d’une Britney à couettes qui te vient à l’esprit.
Voilà une des manières de rendre un morceau reconnaissable dès le départ. Les 1ères notes amènent de suite la marque de fabrique.
BAM.
Essaye pour tes morceaux. Trouve ce qui en fait l’originalité, la pate bien particulière et place le au tout début.
Tes auditeurs reconnaitront tes morceaux dès les 1ères secondes.
5) Un déroulement clair et construit
“Il ne devrait pas y avoir trop d’informations dans le mix.
Je travaille beaucoup pour qu’il soit aussi clair et distinct que possible. Il ne devrait jamais y avoir trop de nouveaux éléments ajoutés en même temps. Un après l’autre. Comme dans un film. Tu ne peux pas présenter 10 personnages dans la première scène. Tu veux apprendre à en connaître un avant d’être prêt pour le suivant.”
Je sais, je te fatigue avec ça. (Dans cet article, ou bien celui-là)
…mais je te le redis encore.
Abuse du bouton mute de ton DAW. C’est le bouton le plus important.
J’ai fait cette erreur aussi. Mes 1ers morceaux étaient plus encombrés que le métro de Tokyo aux heures de pointe. Et pour mixer ça, je me sentais comme le gars chargé d’entasser les gens dans la rame…
Ne surcharge pas ton morceau dès le départ. Prends le temps de nous faire découvrir ses différentes saveurs petit-à-petit.
Ce sera bien plus appréciable pour nous.
Plus simple à mixer pour toi.
Et bonus: tu gardes de la réserve pour le bouquet final de ton morceau.
Car tu pourras mettre le paquet. Qu’on en prenne plein les oreilles et qu’on veuille remonter ensuite pour un autre tour de grand huit.
6) Servir le dessert le plus vite possible
“La musique pop suit l’évolution de la société en général. Tout va plus vite. Les intros sont devenues plus courtes.”
Fini le temps des intro à rallonge des années 80. (écoute Thriller de Michael Jackson)
Les producteurs comme Max cherchent maintenant à accrocher l’auditeur le plus rapidement possible, avec un refrain qui arrive en moins de 50 secondes.
Exemples :
Shake it off – Taylor Swift –> Refrain à 42 secondes
Roar – Katy Perry –> Refrain à 47 secondes
One more night – Maroon Five –> Refrain à 30 secondes
Can’t feel my face – The weekend –> Refrain à 44 secondes
Raise your glass – Pink –> Refrain à 38 secondes
Can’t stop the feeling – Justin Timberlake –> Refrain à 42 secondes
Tu diffuses tes musiques sur internet?
Alors saches que tu as mis les pieds en terrain hostile: en plein coeur de la “jungle de l’attention”. Et tes prédateurs sont redoutables: Facebook, Youtube, Instagram, etc.
Dans ce flot continu de sollicitations, on est tous devenus de véritables déjantés de la zappette.
Si tu nous en demandes trop?
ZAP. On s’échappe.
Alors fait au plus court pour l’intro. C’est vital pour tes musiques.
Écoute tes derniers morceaux. Si le refrain n’arrive pas avant 50 secondes, essaie de voir si tu ne pourrais pas raccourcir l’intro ou le 1er couplet.
Emmène-nous le plus vite possible au coeur de ton morceau, à la friandise.
Quand on y sera, on aura envie d’en goûter un peu plus.
7) Même section, énergie différente
“Si tu écoutes les premier, second et troisième refrain d’une chanson, il ne sonnent pas pareil. C’est la même mélodie et tout ça mais ce qui se passe vraiment c’est que l’énergie change. Tout l’enjeu est de retenir l’attention des auditeurs. […]
Si ceux-ci commencent à jouer avec leurs téléphones dès le début du second couplet, alors il y a quelque chose à propos du morceau qui n’est pas assez bon.”
Pour maintenir l’attention de l’auditeur, il faut que tes refrains gagnent en intensité.
Ça peut être juste des éléments de percussion, comme des shakers ou tambourin, un doublage des voix, des parties harmoniques plus soutenues, etc.
Lorsque tu crées ton refrain, crée le dernier en premier. Donne lui le maximum d’énergie.
Ensuite, pour les premiers refrain, enlève des éléments.
L’inverse du strip tease? Oui, c’est un peu ça:
Plus on progresse.
Plus il y a d’éléments.
Alors, on ne percevra peut-être pas le changement de manière consciente, mais ce n’est pas grave. L’important, c’est que notre attention soit toujours maintenue et qu’on ait un sentiment de progression dans le morceau.
8) Être en bonne voix
“Si le chanteur n’est pas en forme ou qu’il s’ennuie, mon rôle devient celui d’un coach. Essayer de faire ressortir le meilleur de l’artiste.[…]
Tout repose sur comment le chanteur va interpréter sa chanson. C’est le plus important de tout.”
La voix est la figure de proue de ton navire sonore.
C’est l’élément qui attire toute l’attention de l’auditeur.
Alors n’hésite pas à y consacrer du temps pour en faire l’élément le plus abouti de ton morceau.
Enregistre plusieurs prises pour chaque section et combine les meilleures parties entre-elles pour créer l’enregistrement de voix optimal.
Oui, c’est du taf.
Mais le résultat final sera de loin supérieur à la qualité moyenne des home studistes.
9) Yin / Yang de producteur
“Si tu as un couplet avec beaucoup de rythme, tu veux le faire suivre par quelque chose qui n’en n’aura pas. Des notes plus longues. Ou quelque chose qui ne commencerait pas sur le même temps.
[…] tu as besoin d’un équilibre, tout le temps. Si le couplet est un peu surchargé, il faut que ce qui suive le soit bien moins. Il faut de la variation. […] si les accords changent beaucoup au cours de ton morceau, il est mieux de garder une même structure mélodique. Encore une fois, tout est une question d’équilibre.”
En cuisine, si tu mets trop d’un même ingrédient, tu foires ta recette.
L’équilibre.
Le contraste.
Dans l’interview, Max donne l’exemple de Shake it off – Taylor Swift:
–> le texte du couplet est plutôt rythmé, avec des notes courtes et des silences, alors que le pré-refrain contraste en posant des notes plus longues et un flot continu.
Prends conscience des différents opposés qui existent en musique : passage rythmique/passage mélodique, notes longues/notes courtes, beaucoup d’éléments en même temps/ arrangement minimaliste, etc.
Vois ensuite si les différentes sections qui se suivent dans ton morceau ne pourrait pas plus contraster entre elles.
Une manière très efficace de renouveler l’intérêt de tes auditeurs qui dégusteront chacune des nouvelles scènes de ton film musical… jusqu’à la fin.
10) Mur blanc en fond, éclairage direct sur ta pièce maitresse
“une des règles d’or pour moi, c’est:
‘si tu ne peux pas l’entendre, supprime le.’
Si tu as un élément important , assure toi qu’on l’entende bien dans le mix. N’aie pas peur d’avoir des choses dans le mix qui soient vraiment devant.”
Ici, Max nous invite à bien déterminer ce qui est important et ce qui ne l’est pas dans un mix.
Crucial.
Car quand on écoute un morceau, on ne peut pas se concentrer sur trop d’éléments à la fois.
Alors choisis ceux que tu veux faire ressortir dans ton mix et place-les bien en avant. La voix sur le couplet, la guitare solo sur le pont, le lead sur le drop, etc.
Traque ensuite les éléments qui n’apportent rien à l’ensemble et fais leur visiter le fond de la corbeille.
Ton mix sera plus clair et tu mettras tes éléments forts en valeur.
11) Insérer un rappel dans nos esprits
“Il est vraiment très important pour moi qu’on se rappelle d’une chanson juste après l’avoir écouté pour la première ou seconde fois. Que quelque chose te hante et te fasse dire :
‘j’ai besoin d’entendre cette chanson encore’. C’est fondamental.”
Le fameux hook détaillé par Alex dans cet article.
Une mélodie, une phrase, une exclamation, un beat, ça peut être à peu près n’importe quoi.
En général, c’est quelque chose de très basique et surtout, de facile à retenir.
Repense aux chansons que tu adores. Quels sont les éléments que tu as retenus de suite? Ceux qui ont empoisonné ton cerveau au point de te donner envie de revenir te shooter à ce son de manière quasi obsessionnelle?
Lors de la composition, essaie de trouver parmi toutes tes idées celle que tu vas le plus mettre en avant: ton hook. Celle sur laquelle tu vas insister et qui va te permettre d’ancrer ta musique dans l’esprit de ton auditeur.
Tes morceaux deviendront alors mémorisables dès les 1ères écoutes.
Utilise les outils de Max pour composer et écrire une chanson
Être bloqué, trouver que son morceau manque de quelque chose…
Composer et écrire une chanson nous fait tous passer par là. C’est pour cela que les conseils d’un professionnel au palmarès si impressionnant peuvent être un atout majeur dans notre arsenal de home studiste.
Même si tu n’aimes pas la pop, même si ton style de musique est diamétralement opposé, tu trouveras quand même des conseils de bonnes pratiques à mettre en place pour:
– accrocher l’oreille de tes auditeurs
– les garder attentifs tout le long
– leur donner envie de rappuyer sur Play en fin de morceau
Encore et encore.
Alors choisi maintenant une des astuces. Celle qui t’as le plus inspiré, et mets-la en pratique sur ta prochaine composition.
Cela pourrait être, par exemple, de commencer par travailler une excellente mélodie:
1- Créer une vingtaine de mélodies
2- Sélectionner la meilleure
3- La travailler pour qu’elle soit la plus simple et mémorisable possible
4- Développer tout un morceau autour de cette mélodie
À toi maintenant d’ajouter une pincée du génie de Max Martin dans tes compositions.
J’ai personnellement utilisé l’astuce 4 sur ma dernière production cette semaine. Ça a donné un bon coup de fouet à une intro un peu molassonne. Et le morceau est maintenant reconnaissable direct.
Tu me diras dans les commentaires l’astuce que tu choisis d’appliquer sur ton prochain projet.
Ça te motivera et ça motivera d’autres à passer eux aussi à l’action.
Bonne composition!
PS: je serai curieux de savoir aussi si tu connaissais Max Martin? (ce mec m’a l’air d’être tout aussi furtif qu’un ninja). Je t’attends dans les commentaires.